La parole perdue
« Il y a un seul secret, un seul processus essentiel, c’est que Dieu doit naître dans l’homme et l’Homme doit naître en Dieu. »
Maître Eckart
Cette courte phrase significative n’indique toutefois pas le processus initiatique à suivre pour accomplir avec succès cette double naissance.
« Au commencement était le verbe, et le verbe était avec Dieu; et le verbe était Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui, rien de ce qui a été fait n'aurait été fait. En lui était la vie, et la vie était la lumière des Hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont point reçue… »
Evangile de St.-Jean
Il y a une seule vérité éternelle qui provient de la parole primordiale, expression du verbe créateur. Ce thème se retrouve dans diverses mythologies à travers les différentes cultures du monde ; seulement, le propre du mythe consiste à rendre de plus en plus flou l’élément créateur qui a présidé à son élaboration, à tel point qu’il finit par préconiser des processus magiques ou initiatiques pour retrouver le sens originel et opératif qui a été perdu.
Lorsque Jung intitulait un de ses livres « L'homme à la découverte de son âme » il sous-entendait que le monde moderne, en crise depuis sa rupture des profondeurs avec le christianisme, est en quête d'un nouveau mythe, qui seul lui permettra de retrouver une nouvelle source spirituelle pour lui rendre des forces créatrices.
Le processus de la transmigration des âmes s’inscrit dans le mythe cosmique de l’éternel retour et de ses cycles perpétuels, le tout correspondant au règne de la dualité dans la création : début-fin, inspir-expir, expansion-contraction, vie-mort,…
Il faut que le moi réintègre le soi pour pouvoir accéder à l’esprit originel et retrouver la parole perdue. Seules ces noces véritablement alchimiques permettront de prononcer la parole retrouvée : JE SUIS. Cette seule affirmation de l’état d’« être », délivré de tout attribut superficiel car artificiel, est authentiquement libératoire.
Non pas le « Je est un autre » de Rimbaud ou le « Je suis l’autre » de Nerval, ni le « Je pense donc je suis » de Descartes, mais « Je suis (celui qui est) ».
Ce qu’il y a de positif c’est d’entreprendre la démarche vitale d’aller à sa recherche, pour se découvrir réellement. Ce processus révèle deux faits très importants, pour ne pas dire essentiels sur le plan de notre vie spirituelle.
- Premièrement, nous sommes conscients que ce que nous percevons de nous-mêmes, notre personnalité, n’est pas en fait ce que nous sommes, ou plutôt celui que nous sommes authentiquement et significativement.
- Deuxièmement, à partir de cette prise de conscience nécessaire, nous avons pris acte de l’obligation de nous mettre en recherche de notre Je, que nous ne pouvons que retrouver nous-mêmes et qui est tapi au fin fond de notre for intérieur.
« Où cours-tu, ne sais-tu pas que le ciel est en toi ! »
Cette phrase sublime résume tout le dilemme de l’homme. Il est inutile de se perdre dans une hyperactivité vaine et illusoire, qui ne fait que retranscrire notre impuissance à vivre avec nous-mêmes, dans le tête-à-tête profond d’une démarche d’éveil spirituel et la consécration que la vérité qui seule pourra nous délivrer est en nous et qu’il nous appartient à nous seuls de la faire éclore, ou de la stériliser.
« Il y a des fuites qui sauvent la vie : devant un serpent, un tigre, un meurtrier.
Il en est qui la coûtent : la fuite devant soi-même.
Et la fuite de ce siècle devant soi-même est celle de chacun de nous.
Comment suspendre cette cavalcade forcée sinon en commençant par nous, en considérant l'enclave de notre existence comme le microcosme du destin collectif ?
Mieux encore : comme un point d'acupuncture qui, activé, contribuerait à guérir le corps entier ?
Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? »
Christiane Singer
Il y a en nous quelqu’un qui nous attend dans le silence ; il est capital pour nous de le savoir car alors seulement on peut partir à sa rencontre. Celui qui est n’attend qu’une chose pour se manifester à nous et nous délivrer le sens de la parole perdue.
Une parole qui n’est pas faite de mot, de son, mais qui formule un message inaudible que seul l’esprit peut déchiffrer et par là-même retrouver sa finalité originelle de détenteur du verbe créateur.
Tout commence par un appel non-verbal mais assourdissant, une injonction irrémédiable qui nous ordonne : « Lève-toi et marche !». Alors on se met en marche réellement et on s’aperçoit alors que jusqu’à présent c’est notre automate qui avançait et qu’on regardait faire.
Nous ouvrons les yeux sur notre intériorité à la recherche d’une seconde vue, spirituelle et sans limite, vers une métamorphose qui va susciter l’activation de nouveaux instruments de recherche, le troisième œil, antichambre de la clairvoyance et la troisième oreille, porte de la claire audience.
" Lorsque l'homme ordinaire entend parler de la Voie, il éclate de rire et se moque. Lorsque l'homme moyen entend parler de la Voie, il l'écoute et puis l'oublie.
Lorsque l'homme supérieur entend parler de la voie, il la suit et ne la quitte plus. Et s'il n'en était pas ainsi, la Voie ne serait pas la Voie".
Lao-Tseu
Quand on est sur la voie, on rencontre son guide ; c’est automatique. Sans cette présence accompagnante, on serait perdu et condamné à l’échec, tout comme un randonneur, sur un terrain inconnu, sans carte ni boussole.
« Le ciel est en toi et aussi les tortures de l'enfer : Ce que tu choisis et ce que tu veux, tu l'as partout. »
« L'âme a deux yeux : l'un regarde le temps Et l'autre se tourne vers l'éternité. »
Angélus Silesius
La connaissance de la parole perdue est le retour à l'enseignement initiatique qui nous ouvre les portes de la tradition primordiale. Il ne s’agit plus d’une parole de langue mais d’une parole d’âme ; murmure en recherche d’absolu, clé de l’infranchissable, la parole perdue tient du non-dit et se prononce dans l’intériorité sacrée du silence de l’esprit. Elle n’est pas du domaine des sens et de l’extériorité mais de celui de l’intuition et de l’intimité existentielle. Elle est révélation de la présence immuable, toujours à nos côtés, souvent à notre insu.
« Tous les sages de l’Inde le disent, le Soi est déjà atteint. Il n’y a rien à chercher et rien à trouver, tout est déjà là. Mais il faut le Voir. Voir ce qui Est, par delà tout ce que nous lui surimposons : pensées, imaginations, croyances. Il n’y a rien à construire, mais beaucoup à déblayer. Et pour trouver l’énergie et la détermination nécessaires à ce travail de titans, il est bon, un jour, d’avoir VU. »
Douglas Harding
En fait, depuis des lustres, on veut nous faire croire que la parole perdue nous condamne à une malédiction sacrée irrémédiable, car voulue par les dieux, or il n’en est rien car la parole originelle, qui relève du verbe créateur et le révèle, est seulement perdue de vue par l’homme. Il lui suffit de rechercher en lui l’intuition spirituelle pour la faire revivre et pour retrouver sa puissance originelle, derrière le masque de la matière.
Maître Eckart
Cette courte phrase significative n’indique toutefois pas le processus initiatique à suivre pour accomplir avec succès cette double naissance.
« Au commencement était le verbe, et le verbe était avec Dieu; et le verbe était Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui, rien de ce qui a été fait n'aurait été fait. En lui était la vie, et la vie était la lumière des Hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont point reçue… »
Evangile de St.-Jean
Il y a une seule vérité éternelle qui provient de la parole primordiale, expression du verbe créateur. Ce thème se retrouve dans diverses mythologies à travers les différentes cultures du monde ; seulement, le propre du mythe consiste à rendre de plus en plus flou l’élément créateur qui a présidé à son élaboration, à tel point qu’il finit par préconiser des processus magiques ou initiatiques pour retrouver le sens originel et opératif qui a été perdu.
Lorsque Jung intitulait un de ses livres « L'homme à la découverte de son âme » il sous-entendait que le monde moderne, en crise depuis sa rupture des profondeurs avec le christianisme, est en quête d'un nouveau mythe, qui seul lui permettra de retrouver une nouvelle source spirituelle pour lui rendre des forces créatrices.
Le processus de la transmigration des âmes s’inscrit dans le mythe cosmique de l’éternel retour et de ses cycles perpétuels, le tout correspondant au règne de la dualité dans la création : début-fin, inspir-expir, expansion-contraction, vie-mort,…
Il faut que le moi réintègre le soi pour pouvoir accéder à l’esprit originel et retrouver la parole perdue. Seules ces noces véritablement alchimiques permettront de prononcer la parole retrouvée : JE SUIS. Cette seule affirmation de l’état d’« être », délivré de tout attribut superficiel car artificiel, est authentiquement libératoire.
Non pas le « Je est un autre » de Rimbaud ou le « Je suis l’autre » de Nerval, ni le « Je pense donc je suis » de Descartes, mais « Je suis (celui qui est) ».
Ce qu’il y a de positif c’est d’entreprendre la démarche vitale d’aller à sa recherche, pour se découvrir réellement. Ce processus révèle deux faits très importants, pour ne pas dire essentiels sur le plan de notre vie spirituelle.
- Premièrement, nous sommes conscients que ce que nous percevons de nous-mêmes, notre personnalité, n’est pas en fait ce que nous sommes, ou plutôt celui que nous sommes authentiquement et significativement.
- Deuxièmement, à partir de cette prise de conscience nécessaire, nous avons pris acte de l’obligation de nous mettre en recherche de notre Je, que nous ne pouvons que retrouver nous-mêmes et qui est tapi au fin fond de notre for intérieur.
« Où cours-tu, ne sais-tu pas que le ciel est en toi ! »
Cette phrase sublime résume tout le dilemme de l’homme. Il est inutile de se perdre dans une hyperactivité vaine et illusoire, qui ne fait que retranscrire notre impuissance à vivre avec nous-mêmes, dans le tête-à-tête profond d’une démarche d’éveil spirituel et la consécration que la vérité qui seule pourra nous délivrer est en nous et qu’il nous appartient à nous seuls de la faire éclore, ou de la stériliser.
« Il y a des fuites qui sauvent la vie : devant un serpent, un tigre, un meurtrier.
Il en est qui la coûtent : la fuite devant soi-même.
Et la fuite de ce siècle devant soi-même est celle de chacun de nous.
Comment suspendre cette cavalcade forcée sinon en commençant par nous, en considérant l'enclave de notre existence comme le microcosme du destin collectif ?
Mieux encore : comme un point d'acupuncture qui, activé, contribuerait à guérir le corps entier ?
Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? »
Christiane Singer
Il y a en nous quelqu’un qui nous attend dans le silence ; il est capital pour nous de le savoir car alors seulement on peut partir à sa rencontre. Celui qui est n’attend qu’une chose pour se manifester à nous et nous délivrer le sens de la parole perdue.
Une parole qui n’est pas faite de mot, de son, mais qui formule un message inaudible que seul l’esprit peut déchiffrer et par là-même retrouver sa finalité originelle de détenteur du verbe créateur.
Tout commence par un appel non-verbal mais assourdissant, une injonction irrémédiable qui nous ordonne : « Lève-toi et marche !». Alors on se met en marche réellement et on s’aperçoit alors que jusqu’à présent c’est notre automate qui avançait et qu’on regardait faire.
Nous ouvrons les yeux sur notre intériorité à la recherche d’une seconde vue, spirituelle et sans limite, vers une métamorphose qui va susciter l’activation de nouveaux instruments de recherche, le troisième œil, antichambre de la clairvoyance et la troisième oreille, porte de la claire audience.
" Lorsque l'homme ordinaire entend parler de la Voie, il éclate de rire et se moque. Lorsque l'homme moyen entend parler de la Voie, il l'écoute et puis l'oublie.
Lorsque l'homme supérieur entend parler de la voie, il la suit et ne la quitte plus. Et s'il n'en était pas ainsi, la Voie ne serait pas la Voie".
Lao-Tseu
Quand on est sur la voie, on rencontre son guide ; c’est automatique. Sans cette présence accompagnante, on serait perdu et condamné à l’échec, tout comme un randonneur, sur un terrain inconnu, sans carte ni boussole.
« Le ciel est en toi et aussi les tortures de l'enfer : Ce que tu choisis et ce que tu veux, tu l'as partout. »
« L'âme a deux yeux : l'un regarde le temps Et l'autre se tourne vers l'éternité. »
Angélus Silesius
La connaissance de la parole perdue est le retour à l'enseignement initiatique qui nous ouvre les portes de la tradition primordiale. Il ne s’agit plus d’une parole de langue mais d’une parole d’âme ; murmure en recherche d’absolu, clé de l’infranchissable, la parole perdue tient du non-dit et se prononce dans l’intériorité sacrée du silence de l’esprit. Elle n’est pas du domaine des sens et de l’extériorité mais de celui de l’intuition et de l’intimité existentielle. Elle est révélation de la présence immuable, toujours à nos côtés, souvent à notre insu.
« Tous les sages de l’Inde le disent, le Soi est déjà atteint. Il n’y a rien à chercher et rien à trouver, tout est déjà là. Mais il faut le Voir. Voir ce qui Est, par delà tout ce que nous lui surimposons : pensées, imaginations, croyances. Il n’y a rien à construire, mais beaucoup à déblayer. Et pour trouver l’énergie et la détermination nécessaires à ce travail de titans, il est bon, un jour, d’avoir VU. »
Douglas Harding
En fait, depuis des lustres, on veut nous faire croire que la parole perdue nous condamne à une malédiction sacrée irrémédiable, car voulue par les dieux, or il n’en est rien car la parole originelle, qui relève du verbe créateur et le révèle, est seulement perdue de vue par l’homme. Il lui suffit de rechercher en lui l’intuition spirituelle pour la faire revivre et pour retrouver sa puissance originelle, derrière le masque de la matière.
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