Le réalisme fantastique
Il se présente comme un courant de pensée et de recherche à vocation scientifique, ayant pour objet l'étude de domaines considérés comme exclus à tort par la science officielle : phénomènes paranormaux, alchimie, civilisations disparues, OVNI, etc. Ses adeptes défendent entre autres l'idée que le cerveau humain disposerait de nombreux pouvoirs sous-exploités, et que l'humanité a peut-être établi des contacts avec des extra-terrestres, notamment par l'intermédiaire d'anciennes civilisations disparues.
L'acte fondateur du réalisme fantastique fut le livre de Jacques Bergier et Louis Pauwels intitulé Le Matin des magiciens, publié en octobre 1959. C'est dans la préface de cet ouvrage qu'en apparaît le nom1. À l'origine de ce courant, l'ingénieur chimiste et écrivain doté d'une grande culture Jacques Bergier se posait en héritier intellectuel de Charles Hoy Fort, qui avait entrepris de recenser et d'expliquer divers phénomènes inexpliqués, et dont il a préfacé l'édition française du Livre des damnés. Bergier réussit à gagner à sa cause le journaliste Louis Pauwels (futur directeur du Figaro Magazine), qu'il a rencontré en 1954 et qui venait de publier un livre consacré au penseur ésotérique Georges Gurdjieff.
Contrairement aux auteurs classiques qui s'orientaient vers une approche fantastique du récit, comme Balzac 2,3, Maupassant, Goethe ou E.T.A. Hoffmann, les théoriciens du « réalisme fantastique » s'attachaient à démontrer l'influence du surréel sur le réel et non à l'illustrer par le biais de fictions. Dans leur ouvrage fondateur, Pauwels et Bergier soulignaient d'ailleurs que le terme « fantastique » devait être compris avec une autre définition : « On définit généralement le fantastique comme une violation des lois naturelles, comme l’apparition de l’impossible. Pour nous, ce n’est pas cela du tout. Le fantastique est une manifestation des lois naturelles, un effet du contact avec la réalité quand celle-ci est perçue directement et non pas filtrée par le voile du sommeil intellectuel, par les habitudes, les préjugés, les conformismes. »4
Les idées du réalisme fantastique sont inspirées par de nombreux auteurs cités dans Le Matin des magiciens : penseurs ésotériques ou mystiques et essayistes (Georges Ivanovitch Gurdjieff, Charles Hoy Fort, Pierre Teilhard de Chardin), personnalités scientifiques (l'anthropologue Loren Eiseley, le biologiste J. B. S. Haldane), écrivains de science-fiction (John Buchan, Lovecraft, Arthur C. Clarke), conteurs (Jorge Luis Borges), etc.
« Voyageurs en repos » – Peinture de Leonor Fini Huile sur toile (1978 )
Leonor Fini, née à Buenos Aires, Argentine, le 30 août 1908, et morte à Paris le 18 janvier 1996, est une artiste peintre surréaliste, décoratrice de théâtre et écrivaine, d'origine italienne.
« La plus grande part de la littérature se fonde sur le sentiment que l’homme ne change pas. Ou plutôt, qu’en dépit des changements, les structures profondes, la mécanique du cerveau, les échanges biologiques, le psychisme de base, enfin tout ce qui fait « l’homo sapiens », tel que nous le voyons classiquement depuis son histoire connue, demeure intact. La littérature dite engagée ne met pas plus en doute ce sentiment que la littérature dite bourgeoise. [...]
Cependant, il nous apparaît que cette vision, sans doute nécessaire en un moment de l’histoire, n’est qu’une vision limitée. Elle ne semble conforme, ni à la réalité des anciennes civilisations, fondée sur la magie, ni à la réalité de la civilisation en projet, fondée sur la technique. »
« Nous ne prétendons pas du tout proposer une philosophie. Nous essayons simplement de lancer quantité de têtes chercheuses, dans tous les sens, de multiplier les comment et les pourquoi, d’élargir à l’infini une méthode d’interrogation. Un proverbe dit : "L’homme qui pose beaucoup de questions peut avoir souvent l’air bête, mais l’homme qui n’en pose jamais l’est toute sa vie." »
« Mais nous, nous pensons que le monde moderne qui a choisi la voie de la connaissance par l’extérieur, est sur le point de redécouvrir les voies de l’invisible ».
« Mais nous, nous pensons que le monde moderne qui a choisi la voie de la connaissance par l’extérieur, est sur le point de redécouvrir les voies de l’invisible ».
« Plutôt que de condamner l’esprit moderne au nom de la sagesse initiatique des Anciens, ou plutôt que nier cette sagesse en déclarant que la connaissance réelle commence avec notre propre civilisation, il conviendrait d’admirer, il conviendrait de vénérer la puissance de l’esprit qui, sous des aspects différents, repasse par le même point de lumière en s’élevant en spirale. »
« Nous vivons une époque de désarroi : nous supportons mal le choc de l’accélération technique et scientifique ; nous ne maîtrisons ni l’excès de population, ni l’excès de pollutions, ni les inégalités économiques entre les différents peuples. Mais nous fabriquons des armes, nous multiplions les cités industrielles, et tantôt nous menaçons la vie par les moyens de destruction guerrière et tantôt nous la menaçons par l’épuisement des ressources naturelles et par la rupture des équilibres écologiques. [...]
Que la pensée planétaire parte d’un monde présent pour créer par la raison un monde nouveau, signifie qu’elle reste dans les lignes de forces des grands penseurs de l’Occident. Elle prend sans doute naissance dans l’ébranlement même de la pensée occidentale, mais elle signifie que l’homme moderne refuse de s’abandonner à l’absurde. Et peut-être cet Occident, dont un peu partout on se complaît à dénoncer le déclin, ne fait-il que dépouiller ses formes anciennes avant de prendre une nouvelle figure de l’universel. »
« Le matin des magiciens »
Introduction au réalisme fantastique
Louis Pauwels, Jacques Bergier
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