lundi 15 novembre 2010

La clé du devenir


La clé du devenir
par
Jeanne Guesné

Dans un livre testament, “Le troisième souffle”, Jeanne Guesné nous parle du saut qualitatif que doit opérer l’espèce humaine à travers l’expérience de chacun de nous, pour passer du corps grossier au corps subtil.

L’énergie-conscience

Notre corps recèle une masse d’énergie qui réclame notre participation consciente pour se libérer. Lorsque nous sommes totalement à l’écoute - corps, sentiment, pensée -, cette énergie devient « dynamique » et le corps vivant. Goûtez-en la saveur une seule fois et vous en retrouverez le goût dans la vie quotidienne. Elle est le goût de l’Être immortel en nous. Le goût de l’énergie qui maintient l’unité du corps, mais en demeure indépendante. Cette énergie est en réalité un second corps.
Lorsque je m’oublie, elle se dissout... Lorsque je suis présente au présent, elle s’identifie, s’amplifie...La croissance de ce second corps d’énergie-conscience-connaissance est le sens même de la vie.
Par mon travail intérieur, je ne connais pas seulement un accroissement de ma faculté d’analyser, de calculer, de conclure ; c’est une amplitude de mon « espace d’investigation » de ma sensation corporelle profonde. Elle conduit à un accroissement de mon discernement, qui peu à peu me libère de mes contraintes sociales et culturelles. Si je ne suis pas identifiée à mon corps, je peux le gérer. Si je ne suis pas identifiée à mon émotion, je peux la contrôler. Si je ne suis pas identifiée à mes pensées, je peux servir ma conscience d’être. Le vouloir de l’ego est toujours une barrière. Avoir faim et soif d’être, c’est l’aimant qui nous relie en nous-même et aux autres. La force est toujours donnée dans le présent de l’instant.

La clé du devenir

« Il arrive un jour où l’on sent que l’on est deux : un personnage dans un corps en correspondance avec son environnement, et quelque chose d’autre, comme un témoin invisible et muet, toujours présent. À partir de là s’opère une rupture qui brise un rythme. L’existence continue apparemment sans changement, mais plus rien n’est semblable. On sait que le corps va mourir un jour, mais ce qui le sait en est indépendant, et la mort ne le concerne pas.
Cela est une certitude inexprimable et qui ne demande aucune explication pour être. Il suffit de demeurer disponible à son expression en Soi, disponible à son écoute. L’erreur serait de confondre cet état de paix sublime avec le calme d’un mental conciliant. D’après Ilya Prigogine, « il existe des centres de force, les uns invisibles, les autres visibles, c’est-à-dire habillés d’ondes captives matérialisées temporairement ». Vous… moi… Nous sommes tous aux centres de forces habillées d’ondes matérialisées temporairement…
Quelle perspective pour l’esprit humain à l’aube du troisième millénaire ?
Le processus du développement de la conscience humaine en action dans le travail intérieur. Des niveaux de sensibilité laissés en jachère, établiront instantanément, dès lors qu’ils seront réveillés, des accords de résonance avec des expressions d’intelligence inconnues dans lesquelles nous avons notre être…

Les sens intérieurs

Des sens intérieurs prennent vie en l’homme et le font agir spontanément, sans passer par les schémas intellectuels du mental. Il acquiert alors l’état de compréhension dans le silence intérieur entre deux pensées, entre deux sensations, entre deux réactions... et tout à coup, c’est l’éclair qui foudroie !... Le réel est l’intervalle entre deux existences, l’intervalle entre le sommeil profond et la veille... ce que nous appelons « rien »... d’où tout émane...
Les morts ne sont pas dans le monde d’après l’existence. Ils sont ici, ils sont nous, qui dormons et rêvons notre condition humaine.. Nous vivons dans le despotisme du langage qui nous fait oublier que les mots ne sont pas la chose qu’ils représentent. Nous nous mouvons dans un monde d’étiquettes et dans la mémoire codifiée de ces étiquettes. Nous existons au dixième de nos potentialités.
Je comprends l’émotion que je ressentis au cours d’une émission télévisée, lorsque Bernard Pivot posa la dernière question à son invité :« À la fin de votre existence, lorsque vous arriverez devant Dieu, que souhaiteriez-vous qu’il vous dise ? » Peter Brook répondit : « Les répétitions sont finies ».
Je crois qu’à l’instant de la mort, l’énergie-vie-conscience qui se sépare du corps et retourne à sa source emporte, intégrée à son essence, la moisson du vécu au cours de son existence. Moisson organique, psychique, mentale qui sont sa Mémoire cristallisée. Je m’éveille à l’accord d’une résonance qui me fait participer et ne plus subir. C’est une perception inexprimable dans notre langage. Mais à son contact, mes interrogations anxieuses sur le troisième millénaire volent en éclat : il sera la victoire de l’esprit sur l’ego immature de l’humanité.
Au terme de ce deuxième millénaire, le XXe siècle, qui vit ses dernières années, est d’une certaine façon révélateur d’une métamorphose : celle de la puberté de l’âme de l’humanité. L’âge de tous les doutes et de tous les espoirs s’exprime à travers une transformation de l’humain à l’échelle de la planète, répercutée chez les hommes, c’est-à-dire nous-mêmes.
De grands noms marquèrent ce siècle, comme des phares perçant les ténèbres de guerres terriblement meurtrières, d’affrontements sanglants entre les cultures. J’en cite quelques-uns dans l’ordre où ils nous quittèrent : Ramana Maharishi, G.I. Gurdjieff, Aurobindo, Teilhard de Chardin, Schwaller de Lubicz (Aor & Isha), Mère, Nisagardatta, Krishnamurti, K.G. Dürckheim... Je reçus de chacun, en son temps, la nourriture indispensable à la poursuite de ma quête de la Connaissance, et mon attention grandit, me révélant l’attention, voie des métamorphoses. 

2 commentaires:

  1. Ne pas s 'identifier à ses pensées ou à ses émotions, être "deux" , le deuxième observant le premier...cela me parle, cela me semble en effet être une "clé"...reste à le mettre en pratique !

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  2. La connaissance de soi va du développement personnel (la psyché, le moi) à l’éveil spirituel (l’esprit pur, le je), en apprenant à poser le regard sur soi-même, pour découvrir qui l’on est vraiment, au-delà des apparences et des illusions.

    « Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’univers et les dieux. »

    La mise en pratique permet seule de se trouver, toute connaissance externe, livresque ou autre, n’étant qu’une approche culturelle, intellectuelle, superficielle, nécessaire mais non suffisante, spéculative mais non opérative ; sans plantation, il n’y a pas de germination.

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