jeudi 12 février 2009

L'énigme d'Oedipe


Titre : "Oedipe explique l'énigme du Sphinx"
Artiste : Ingres Jean-Auguste-Dominique
Année de création : 1808

Qu'est-ce qui a quatre pattes le matin,

deux pattes le midi

et trois pattes le soir ?

Le roi de Thèbes Laïos et sa femme Jocaste désirait un enfant qui ne naissait pas. Alors, Laïos consulta l'Oracle de Delphes qui lui annonça qu'ils auraient un fils mais que celui-ci tuerait son père et épouserait sa mère. Et en effet, Jocaste mit au monde un fils peu de temps après. Craignant pour sa vie le roi de Thèbes l'abandonna sur une colline où il fut recueilli par les bergers du roi de Corinthe. Ces derniers ramenèrent l'enfant à la reine de Corinthe qui l'adopta.

Une fois devenu adolescent, Oedipe voulut percer le secret de sa naissance et
consulta l'oracle de Delphes qui lui apprit la terrible vérité : il tuerait son père et épouserait sa mère. Alors comme Oedipe aimait ses parents adoptifs, ( qu'il croyait être ses vrais parents ), il quitta Corinthe. Mais sur la route de Thèbes, Laïos son père lui roula sur le pied avec son char. Fou de rage Oedipe, tua d'un coup le conducteur et Laïos pour venger ce dernier défia Oedipe qui sans le savoir tua son propre père.

Or il se trouvait qu'un monstre nommé le Sphinx terrorisait la ville de Thèbes : Il
posait une question aux gens qui voulaient sortir de la cité et comme ils ne trouvaient jamais la réponse le Sphinx les dévorait. Après la mort de Laïos, le nouveau roi, Créon décréta que celui qui résoudrait l'énigme du Sphinx deviendrait roi de Thèbes et épouserait sa sœur, Jocaste, la mère d'Œdipe.
Oedipe, après avoir tué son père ( et ainsi accompli la première partie de la prophétie de l'oracle ), décida de s'attaquer au Sphinx. Ce dernier lui posa sa question :
"A l'aurore, il se traîne sur quatre pieds; à midi, il marche sur deux; le soir, c'est sur trois qu'il avance en chancelant. Quel est cet être, jamais le même et cependant jamais plusieurs, mais un seul ?"

Sans hésiter, Oedipe répondit :

" C'est l'homme qui marche à quatre pattes enfant,

sur ses deux pieds une fois adulte

et avec un bâton une fois devenu vieillard. "

Alors le Sphinx se jeta du haut de son rocher et se tua de dépit qu'Oedipe ait résolu son énigme.

C'est ainsi qu'Oedipe devint le roi de Thèbes et épousa sa mère dont il eut deux
garçons, Etéocle et Polynice et deux filles, Antigone et Ismène. Mais les dieux, qui
n'appréciaient pas cette union contre nature, jetèrent un fléau sur Thèbes et ses
alentours. Alors, Oedipe consulta l'oracle qui lui apprit que le seul moyen d'apaiser les dieux était de punir le meurtrier de Laïos. Pour ce faire, Oedipe consulta le devin
Tirésias qui lui dévoila l'horrible vérité, il avait tué son père et épousé sa mère.

Apprenant cela, Jocaste se pendit à une poutre, Oedipe se creva les yeux et fut exilé de Thèbes qu'il quitta avec sa fille Antigone et mourut.



Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Œdipe a joué à qui perd gagne. Il a bien provoqué la mort du sphinx mais il n’a pas pu supprimer la malédiction qui le frappe, et de plus, il finit exilé, boiteux et aveugle.
En fait, il a perdu la lumière.
La réponse qu’il donne est incomplète car la définition de l’énigme correspond uniquement à l’être inférieur de l’homme incarné, à son Ego, séparé de son être supérieur, le Je avec lequel il est appelé à fusionner pour se libérer définitivement de la roue des réincarnations.

Œdipe, au lieu de se libérer, se condamne en tuant en lui ce qui aurait dû contribué à son élévation, s’il l’avait élevé, sublimé, jusqu’à la fusion des extrêmes, le Je et l’Ego, dans l’unification spirituelle et le retour à la lumière originelle.

"Malheur à toi, Œdipe, malheur à toi! Car tes yeux voient et cependant tu n'aperçois pas ce que tu es, et tu ne discernes point tes propres actes. Bientôt, étranger sur une terre étrangère, tu erreras privé de la vue, tâtant le sol de ton bâton; et, à l'ouïe de ton nom et de ton crime, les hommes s'éloigneront de toi, remplis d'horreur."

"Œdipe, n'accuse pas les dieux de ton destin fatal. Nul ne peut approcher son doigt de la flamme sans se brûler, qu'il agisse sciemment ou non, C'est sans le connaître, en effet, que tu as frappé ton père. Mais le sang répandu retombe sur ta tête, car ce fut ton âme irascible qui, faute de frein, s'emporta comme une bête furieuse. Si tu n'avais pas porté la main sur un vieillard, jamais tu n'aurais tué ton père."

"Et cependant, dans le miroir confus de la prophétie, je crois te voir, reposant dans un bosquet d'arbres sacrés, gardien tutélaire du pays qui sera ton dernier asile, après que tes pieds auront parcouru jusqu'au bout la voie de l'expiation et que les jours de ton pèlerinage seront accomplis."

Tirésias, le devin (dans Sophocle)

« Oedipe ne donna que la moitié de la solution à l’énigme, car le sphinx de Thèbes ajouta ces paroles:
«Plus un être utilise de jambes, plus sa force et sa rapidité sont petites».

L'être qu'envisageait le sphinx est en effet l'homme, non pas certes l'homme dialectique, l'homme en accord avec l'état de la planète, mais celui qui, homme-dieu, possède les ailes et la puissance nécessaires pour séjourner dans un monde qui n'est pas ce monde.

Jan van Rijckenborgh

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