lundi 19 avril 2010

Ainsi parlait René Guénon


La Voie du Milieu

La voie moyenne (ou chemin du milieu) présente la pratique bouddhique en tant qu'elle évite certains extrêmes. Le terme de voie moyenne s'enracine dans le récit de la vie de Gautama Bouddha. Celui-ci a connu deux excès : il a d'abord vécu, comme prince, dans un palais, et a observé la complaisance sensuelle, l'attachement aux sens. Cet extrême serait celui de la recherche avide de plaisir matériels.

Puis, Gautama Bouddha pratiqua les austérités, l'ascétisme, équivalence du martyr dans le christianisme. Mais frôlant la mort, en réchappant de justesse, il abandonna également ces pratiques (ses compagnons d'alors comprirent ce revirement comme abandon, défaite, et le laissèrent seul).

Ce n'est qu'après que Gautama Bouddha aurait atteint l'illumination, le nirvāna. Le premier sermon du Bouddha annonce cette voie du milieu entre matérialisme et autodestruction.
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« La Voie du Milieu est représentée par un axe vertical envisagé dans le sens ascendant du point de vue d’un être qui, placé au centre de l’état humain, tend à s’élever de là aux états supérieurs.

Lorsque cet être s’identifie à l’axe, pour lui le pôle terrestre ne fait plus qu’un avec le pôle céleste. Cet être finit par résorber l’axe en un point: ce point est le centre qui contient en lui-même toutes les possibilités, non plus seulement d’un état particulier, mais de la totalité de états manifestés et non-manifestés. (p. 209-210)

Le centre de l’être total est le Saint Palais de la Kabbale hébraïque.

Dans la Voie du Milieu il n’y a ni droite ni gauche, ni avant ni arrière, ni haut ni bas. Dès que l’être est parvenu au centre de son état de manifestation, il est au-delà de toutes les oppositions contingentes qui résultent des vicissitudes du yin et du yang. La succession temporelle s’est transformée elle-aussi en simultanéité au point central.

C’est pourquoi, suivant la parole de Lao-tseu, la voie qui est une voie (pouvant être parcourue) n’est pas la Voie (absolue), car, pour l’être qui s’est établi effectivement au centre total et universel, c’est ce point unique lui-même, et lui seul, qui est véritablement la «Voie» hors de laquelle il n’est rien. » (p. 212)

René Guénon
" La grande triade", chapitre XXVI
(extraits).

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