vendredi 23 avril 2010

La mort initiatique

Autoportrait à la Mort violoniste
Arnold Böcklin (1827- 1901 ) peintre suisse.

La mort initiatique

« Tant que tu ne sais pas
Mourir et renaître
Tu n’es qu’un passant affligé
Sur la terre obscure. »
Goethe

« Je mourus pierre et devins plante,
Je mourus plante et devins animal,
Je mourus animal, ainsi je devins homme.
Pourquoi alors craindre la mort ?
Devins-je moins bon ou plus petit en mourant ?
Une fois je mourrai homme et deviendrai
Un être de lumière, un ange de rêve.
Mais je poursuivrai ma voie : tout sauf Dieu disparaîtra.
Je deviendrai ce que personne n’a entendu, ni vu.
Je deviendrai l’étoile au-dessus de toutes les étoiles,
Qui brillera sur la naissance et sur la mort. »

Rumi, poète persan

La mort initiatique signifie à la fois un changement d’état et le passage à un autre niveau d’évolution ; elle est une véritable métamorphose de l’être qui lui permet, en toute conscience, d’accéder à une renaissance spirituelle qui est en fait une délivrance.
L’être, qui accomplit sa mort initiatiquement, ouvre la porte secrète qui lui permet d’entrer vivant dans la mort, de retrouver celui qu’il était, avant sa naissance physique, le pur esprit dégagé des contingences de la matière, de la chair, de la densité et des épreuves qu’il s’était engagé à subir dans son périple sur la terre.
Il ne subit pas sa mort, il la vit au plus profond de lui-même ; il sait où le mène ce moment suprême de réalisation supérieure ; il est prêt à retrouver la lumière de l’origine.
La mort initiatique est comme une randonnée que le marcheur prépare tout au long de son existence et qui doit lui permettre de retrouver la vallée perdue mythique, dont parlent les traditions, cet ailleurs où le temps n’a plus de prise.
La mort initiatique est une véritable initiation au bien mourir qui est nécessaire pour échapper aux aspects négatifs de cette dernière dans nos civilisations moderne d’abrutissement chronique, à savoir la peur, la défiance à son égard, la panique devant le saut dans l’inconnu.
Tout au contraire, ce processus permet d’apprivoiser cette fin de vie en la resituant, en toute connaissance, dans le processus évolutif naturel de l’être vivant, précaire et provisoire. A l’image bien connue de la larve devenant papillon en passant par la chrysalide, l’être incarné doit atteindre sa libération pondérale, en passant par les plans intermédiaires de l’astral, afin de redevenir pur esprit, avant d’entreprendre de nouvelles expériences vitales, ici ou ailleurs, pour parfaire l’évolution spirituelle qui constitue le but suprême de notre existence même.
Il ne sert à rien de se dérober ou vouloir fuir l’inévitable ; faire l’autruche entraine des répercussions néfastes sur la qualité et la fiabilité de notre passage et le mal mourir conditionne négativement la suite de notre parcours dans cet au-delà qu’on refuse de reconnaître.
C’est ici qu’on doit respecter, et mettre en application, l’adage philosophique bien connu de Montaigne que « vivre c’est apprendre à mourir » et qu’apprendre c’est comprendre pour se donner les moyens de réussir.

Parce que l'homme est de tous les animaux le seul qui sait qu'il va mourir, sa vie même s'inscrit dans l’approche d'une mort dont il doit faire l’expérience directe, en toute conscience et compréhension, pour la réussir.

« Le chemin se parcourt dans l'étendue et le temps, et retrouver ce qui relie à l'au-delà du Temps et de l'espace — le mystère du Soi — s'effectue dans la durée.

La quête de l'éveil débute par le repérage des limites de notre participation à la totalité.. La réalité de la transformation permanente n'est pas perceptible par le Mental.

C'est à partir de là que le chemin se perd, dans la description fallacieuse de la carte que l'on en établit.
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Parce que l'ignorance est un point de départ, et l'éveil un point d'arrivée, nous nous représentons le processus comme un itinéraire défini, d'où l'acharnement à le caractériser.
La voie?
S'extraire des prolongements mécaniques du moi est nécessaire avant de présumer l'éveil, qui serait fantasmé dans le même cadre que celui qu'il faut enfin quitter — un luxe particulier, une forteresse imprenable. Le point d'arrivée (le soi) embrassant tout, c'est un espace incomparable au point de départ. Pour gagner le lieu qui est tous les lieux, rien n'est à viser. Pour se libérer de cette image qu'est la distance, et qui entérine la séparation factice entre les objets, nous pouvons seulement considérer les choses dans leur ensemble. »

"L'approche intellectuelle n'est libératrice que si le sens des notions utilisées est vérifié expérimentalement,
et c'est rarement le cas. "
Natarajan

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