Jean Potocki
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Jan Nepomucen Potocki, Jean Potocki en français, né à Pików (Pologne) le 8 mars 1761 et mort à Uładówka (Ukraine actuelle) le 2 décembre 1815, est un savant et écrivain polonais de langue française.
Jean Potocki se suicide en 1815. Retiré sur ses terres en 1813, après sept années passées à Saint-Pétersbourg, le "comte Jean" s’est suicidé au cours d’une crise de névralgie avec une balle d’argent bénite, "pour le cas où Dieu existerait".
Le Manuscrit trouvé à Saragosse
Roman somme, le chef-d’œuvre de Potocki, tardivement découvert en France, a déjà fait couler beaucoup d’encre. Considéré par Roger Caillois et les surréalistes comme un des précurseurs de l’esthétique fantastique, il a longtemps été présenté aux lecteurs sous cet angle. Tzvetan Todorov, dans son Introduction à la littérature fantastique le désigne même comme le roman modèle de ce qu’il nomme le fantastique-étrange.
Mais les travaux plus récents et, surtout, la version complète du roman montrent que celui-ci va beaucoup plus loin. En effet, il n’emprunte pas seulement à la littérature gothique et fantastique mais explore aussi les voies du roman d’apprentissage, du roman libertin, du roman à tiroirs, philosophique, picaresque, et la liste est longue. Pour les chercheurs actuels, comme Dominique Triaire ou François Rosset, le Manuscrit trouvé à Saragosse est, plus qu’un livre fantastique, un roman sur le discours et sur le roman lui-même.
Adaptation cinématographique de l'œuvre
Le Manuscrit trouvé à Saragosse a été porté à l’écran par le réalisateur polonais Wojciech Has en 1964.
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« L'animal ne dit point: «Je suis un être pensant.»
Cette abstraction est si peu en son pouvoir que l'on ne voit jamais un animal avoir une idée des nombres, qui sont pourtant la plus simple des abstractions. »
"Les voyageurs n'ont ordinairement pour observer que les lunettes qu'ils ont apportées de leur pays et négligent entièrement le soin d'en faire retailler les verres dans les pays où ils vont."
(en voyage à Constantinople)
« Depuis près d’un mois, je passe les journées entières à parcourir les rues de cette capitale, sans autre but que de me rassasier du plaisir d’y être. Je me perds dans ses quartiers les plus reculés ; j’erre sans dessein et sans plan. Je m’arrête ou je poursuis ma course, décidé par le motif le plus léger.
Je reviens souvent aux lieux dont on m’avait défendu l’entrée et j’éprouve qu’il en est peu d’inaccessibles à l’opiniâtreté et surtout à l’or. »
(à son grand ami et deuxième beau père après la mort du jeune enfant de ce dernier)
« Monseigneur et cher cousin,
J’ai vu le Caucase, et vous pas, voilà la différence ; une autre différence, c’est que tous frais faits, il vous reste par an cent mille ducats à jeter par les fenêtres ; une troisième différence, c’est que vous faites très bien avec les dames une certaine chose que je fais très mal à ce qu’on dit généralement, mais comme j’ai toujours fait aussi bien que j’ai pu, personne n’a rien à me dire à cet égard…..
Adieu, cher et bien aimé cousin, il me reste encore un peu de cette boue jaune qu’on appelle de l’or, et je pense qu’elle me durera jusque vers la fin de l’été, alors quand je n’aurai plus de quoi, je viendrai manger votre kacha [… ;] vous avez perdu le Nicoluszki. Cela me fait une peine extrême parce que cela en ferra à Mme de Witt. Car d’ailleurs je suis sûr que c’était un brailleur insupportable comme sont tous les enfants, mais pourtant je vous assure que cela me fait beaucoup de peine. »
« Chez presque tous les hommes, l’action du moi n’est jamais suspendue : vous retrouvez leur moi dans le conseil qu’ils vous donnent, dans les services qu’ils vous rendent, dans les liaisons qu’ils recherchent, dans les amitiés qu’ils forment. Passionnés pour leur intérêt le plus éloigné, indifférents pour tout le reste. Et lorsqu’ils trouvent sur leur chemin un homme indifférent à l’intérêt personnel, ils ne le peuvent comprendre, ils lui supposent des motifs cachés, de l’affectation, de la folie. Ils le rejettent de leur sein, l’avilissent et le relèguent sur un rocher de l’Afrique. »
« Elle a raison, me dis-je en moi-même, de préférer les jouissances de cette vie humaine et matérielle aux vaines spéculations d’un monde idéal auquel nous appartiendrons aussi bien tôt ou tard. Ce monde-ci ne nous offre-t-il pas assez de sensations diverses, d’impressions délicieuses pour nous occuper pendant le temps de notre courte durée ? »
« Nous nous rions de la présomption de ceux qui imaginent que pour lire il suffise de l’organe matériel de la vue. Cela pourrait suffire en effet pour de certaines langues modernes, mais dans l’hébreu, chaque lettre est un nombre, chaque mot une combinaison savante, chaque phrase une formule épouvantable qui bien prononcée avec toutes les aspirations et les accents convenables pourrait abîmer les monts et dessécher les fleuves. Vous savez assez qu’Adonaï créa le monde par la parole, ensuite il se fit parole lui-même. La parole frappe l’air et l’esprit, elle agit sur les sens et sur l’âme. Quoique profane, vous pouvez aisément en conclure qu’elle doit être le véritable intermédiaire entre la matière et les intelligences de tous les ordres. »
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