L’insondable silence
(extrait)
(extrait)
« Il est facile de jouer le rôle, mais ne jouez pas du tout de rôle.
Vous prendre pour un homme veut dire que vous allez remplir une masse de contraintes : savoir comment vous présenter, comment parler, comment agir, etc. Vous avez même été instruit à penser dans les termes qui font un homme, vous êtes entouré d'étiquettes.
C'est tout aussi vrai, quand vous vous prenez pour un père ou une mère, il n'y a ni homme, ni femme, ni père, ni mère.
Abandonnez les idées toutes faites sur votre entourage et permettez à chaque moment de vous saisir avec une fraîcheur sans mémoire. Regarder les choses comme si elles vous apparaissaient pour la première fois. Soyez complètement sans vêtement, sans forme, sans nom. Vous êtes un être de beauté, rien de plus, et cela ne requiert aucune éducation, aucune formulation, elles viennent naturellement d'elles-mêmes lorsque cela est utile.
Si j'avais à suivre cette voie, je me sentirais sans protection, comme si j'étais sans défense.
Que voudriez-vous protéger ? Qui voulez-vous défendre ?
Pour parvenir à voir que vous n'êtes pas le corps, tout d'abord découvrez-le. Ce doit être pour vous un objet de perception, plutôt qu'une simple idée. Généralement, lorsque vous vous rapportez à une image conçue à un moment donné de votre vie, mais quand vous abandonnez ce schéma et que vous permettez à cet organisme de s'exprimer, vous en percevez la pesanteur et les tensions.
Par l'acte même de voir clairement combien ce cliché est erroné, vous n'en êtes plus complice et vous connaissez enfin votre sensation physique originelle : une sorte de vide sans frontière, sans rien pour le circonscrire, comme entièrement dilaté dans l'espace.
Quand j'écoute mon corps et que je ressens un léger déséquilibre ou une tension, dois-je ne rien faire ou prendre des mesures pour les faire disparaître ?
La tension apparaît lorsque vous vous concentrez sur une partie spécifique. C'est une tension fractionnelle où la sensation globale est voilée par une idée qui intervient comme facteur de fixation. Vous ne pouvez jamais aller de ce fragment à la perception du tout. En permettant à une gêne physique de se faire jour, vous sentez certaines zones contractées et tendues, mais si vous maintenez une sensation globale, ces zones cesseront d'être paralysées et réintégreront le tout.
C'est alors que le corps se présente comme une énergie vide de tension et de mémoire. Les restrictions ayant disparu, il adopte sans effort une posture correcte. C'est la seule manière d'arriver à une posture de yoga juste. Si vous essayez d'y parvenir par un effort, si vous vous dites " je dois me tenir assis bien droit ", la posture naturelle est entravée par l'idée et suscite une réaction musculaire.
Il connaît sa vraie position et vous y conviera ; en retour, laissez-le venir à vous. »
Jean Klein
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