lundi 31 mai 2010

Mortelle randonnée



Mortelle randonnée

"N'allez pas là où le chemin peut mener.
Allez là où il n'y a pas de chemin,
et laissez une trace."

Ralph Waldo Emerson

Ralph Waldo Emerson (25 mai 1803, Boston, Massachusetts - 27 avril 1882, Concord, Massachusetts) est un essayiste, philosophe, poète américain et chef de file du mouvement transcendantaliste du début du XIXème siècle. Comme Goethe, Emerson cherche d’abord dans une « science » de la nature la réponse à la question sur la place de l’homme.
Une bonne part de ses intuitions lui vient de son étude des religions orientales, notamment l’hindouisme, le confucianisme et le soufisme.
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Depuis plus de quarante ans, je marche, je randonne sur les chemins, les sentiers, les pistes forestières, parfois les routes à défaut du reste. C’est ancré en moi, à la fois un besoin et un plaisir, un exutoire et un régulateur, le goût de l’effort et la soif de liberté, et par dessus tout l’immersion dans la nature et le retour à nos racines, à nos sources de vie.
Déjà enfant, mes parents m’avaient surnommé « le fils des sentiers » devant cette propension à aller me perdre au bout des sentes que je découvrais lors des balades familiales et que je voulais toujours aller explorer jusqu’au bout.
Toutefois, même si je me considère comme un marcheur aguerri, je suis obligé de reconnaitre que j’ai toujours marché sur des parcours balisés, ce qui rassure l’esprit et facilite la course.
Une seule fois je me suis risqué dans une marche d’orientation, sans aucune préparation, en terrain inconnu, seulement armé d’une carte et d’une boussole ; piètre souvenir : il faisait très sombre, il pleuvait, je me suis laissé emprisonner par des taillis épineux et j’ai du abandonner mon « poncho », lacéré et déchiré, pour me libérer de leur emprise sauvage. Au bout d’une heure, las de me perdre à tout bout de champ, je rendais les armes. Fort de cette expérience, si j’ose dire, je suis revenu aux marches guidées, paisibles et confortables.
Mais je sais, tout au fond de moi, que je serai finalement confronté, que je le veuille ou non, à une marche d’orientation singulière et définitive. Singulière, parce que je devrai la parcourir, celle-là, sans carte ni boussole ; définitive, parce que ce sera ma première et dernière randonnée de ce type, ma mortelle randonnée ma dernière heure venue.
Au-delà de la marche aux étoiles, elle me guidera vers la lumière que j’ai toujours cherchée et que je devrai atteindre, dés lors, pour retrouver mon être originel ; mais pour ce faire il faudra traverser des zones dangereuses où les ténèbres ont installé leur royaume, sans faiblir, sans jamais s’arrêter au risque de se perdre, sans jamais céder aux leurres de l’illusion ou aux chants des sirènes, promesses de malédictions. Toujours aller de l’avant, guidé, aimanté par la lumière éblouissante, tout au-delà de la matrice carcérale de matière et de ses mondes satellites.
"Le sentier de l'initiation n'est pas seulement une image", comme se plaisait à le dire Antonin Gadal ; il faut payer de sa personne, se surpasser, pour atteindre sa transfiguration spirituelle et s’immerger à nouveau dans la lumière primordiale de notre création. Notre libération est à ce prix : vaincre ou subir.
Cette dernière randonnée aura pour but de me conduire à la révélation finale : la vie est mortelle, mais la mort à son tour est vitale, en cela qu’elle est libération de l’incarcération dans la chair, échappatoire de la densité paralysante de la matière.

" ...la lumière maximale est au-delà de votre vision tridimensionnelle.
La lumière créée par la Pensée se contemplant elle même devint Mouvement dans votre univers. Ce fut, en quelque sorte, la première aventure de la Connaissance. De cette lumière sont nés les dieux.

Et qui étaient-ils?
Vous et toutes entités visibles et invisibles qui, déjà, vécurent la divinité de leur âme. Vous êtes nés de Dieu, de "Celui qui est", quand la pensée se contempla. Cette contemplation devint la lumière, le mouvement... l'émotion!
Dès cet instant, chacun de vous devint un tout, un dieu - une particule de Lumière. Cette lumière, que j'appelle l'esprit ou le dieu de votre être, est votre forme individuelle, la plus élevée. Donc, à l'origine vous aviez tous prédominance. Vous fûtes "le commencement", car vous avez créé le temps.
A partir du moment où l'homme créa le temps et se mit à le suivre, alors seulement le temps devint une réalité. Le temps est une gigantesque illusion qui gouverne vos vies et qui n'existe même pas dans "l 'Etre".
Les dieux sont les plus grandes lumières. C'est de leur lumière qu'explosa la créativité. Seule une force dynamique comme la vôtre, particules de Lumière contemplant et créant comme le fit "Celui qui est", peut créer une lumière plus basse. "

"Enseignements Choisis" de Ramtha
Editions du Roseau (1991)

Mais il y a une différence essentielle entre toutes les randonnées traditionnelles et cette dernière, qui se fait sans carte, sans territoire et sans plan de marche prévisionnel : on peut toujours rebrousser chemin dans toute marche, effectuée sur la terre, si l’on s’égare, ou si l’on est trop fatigué, ou si le moral n’y est plus ; cela ne porte pas à conséquence, on se dit qu’on retentera l’aventure une autre fois, dans de meilleures conditions.

Par contre, dans cette mortelle randonnée, on ne peut qu’aller jusqu’au bout, au risque de se perdre si on n’atteint pas le terme. Car on ne peut échapper aux ténèbres qu’en atteignant la lumière… et maudit soit celui qui renonce.


« Allez là où il n'y a pas de chemin,
et laissez une trace."

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