mardi 18 mai 2010

Tempus fugit

Tempus fugit

 

 
« Le temps est l'image mobile de l'éternité immobile. »
Platon
« Il faut prendre son temps, sinon c’est le temps qui vous prend ».
Balthus
J’ai longtemps pensé que je n’avais pas de prise sur le temps qui passe et qui m’entraine sur son passage ; pourtant, à y regarder de plus prés, il semble possible de modifier le rapport que nous avons au temps et, par là, de transformer ses effets sur nous.
En fait, pour y arriver, il faut visualiser la situation.

Je suis tout au long de ma vie emporté par le temps : c’est le constat que fait tout un chacun. On considère que le temps est actif et nous passif, un peu comme le nageur emporté par le courant. C’est vrai qu’à ce moment-là, il n’y a pas grand-chose à faire, sinon laisser faire et demeurer inactif.
Mais si nous inversons le point de vue, toute la situation change. Tout au long de ma vie c’est moi qui impulse mon rythme et choisis les projets que je vais réaliser ; et je me sers du temps pour pouvoir le faire. Je deviens alors actif et fais du temps mon outil.
Selon René Schwaller, « l'outil doit être de la nature de la chose qu'il veut travailler. On ne trouve l'esprit qu'avec l'esprit, et l'ésotérisme est l'aspect spirituel du monde inaccessible à l'intelligence cérébrale. »
Pour ce faire, il nous faut analyser la nature du temps, et notamment cette sensation intime que nous avons de fuite du temps. Le temps passe, et ce faisant, nous passons avec lui.

En réalité, n’est-ce pas plutôt nous qui passons à travers le temps ?

Car ce n’est pas le temps qui passe, mais bien nous qui nous déplaçons dans le temps, de même que nous le faisons dans l’espace, tandis que ce dernier reste comme un océan statique qui nous englobe.
Dans cette optique, le temps et l’espace sont deux variables du décor existentiel dans lequel nous évoluons dans le monde de l’incarnation, deux variables ajustables selon notre état d’esprit et notre capacité à agir.
L’état d’esprit modifie la perception du temps; c’est confirmé par plusieurs études de psychologues qui ont découvert qu’attendre un événement crée une impatience spécifique qui semble dilater le temps.

A l’inverse, la perception négative d’un événement à venir génère de l’anxiété, et semble contracter le temps. Ce qui fait dire aux chercheurs que le temps n’est pas absolu, mais peut revêtir une certaine "élasticité" en fonction de nos états d’esprit.
Notre capacité à agir, notre dynamisme, influent également sur notre ressenti temporel. C'est l'agir qui permet à l'homme d’échapper au temps en le rendant responsable de la création d’un nouveau temps, secrété par la dynamique-même de l’action, lequel a l’avantage d’être fini, car limité au plan de l’action envisagée, et maitrisé, puisque c’est l’homme qui en fixe la durée et ses limites.
La survenance de ce nouveau temps, programmé dans le cadre de l’action entreprise, a pour effet de se substituer au temps « absolu » qui rythme notre vie et de neutraliser ses effets nocifs pour la personnalité ; tout se passe comme si l’ersatz remplaçait le facteur originel tout au long de la réalisation du projet envisagé.
Mais il existe une autre technique permettant de neutraliser le mental, et par là-même de désamorcer le temps, il s’agit de la concentration ou de la méditation. Au lieu de substituer un centre d’intérêt, il s’agit plutôt de faire le vide en soi, de lâcher prise sur le quotidien et ses routines et d’empêcher le mental de nous parasiter. Si la manœuvre réussit, s’installe alors une vacuité totale d’où le temps est exclu, tant il est vrai que, tout comme la nature, le temps a horreur du vide.

Et là, vous arrêtez le sablier, et vous vous fondez dans la sérénité.

 
« L'homme passe sa vie à raisonner sur le passé,
à se plaindre du présent, à trembler pour l'avenir. »
Rivarol

« L'avenir nous tourmente, le passé nous retient,
c'est pour ça que le présent nous échappe. »
Gustave Flaubert

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