mardi 30 décembre 2008

Ainsi parlait Montaigne


Michel Eyquem de Montaigne ou plus simplement Michel de Montaigne, (né le 28 février 1533, au château de Montaigne à Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne - mort le 13 septembre 1592 au château de Montaigne, dans le petit village de Saint-Michel-de-Montaigne, en Dordogne) est un philosophe sceptique, un moraliste et un homme politique français de la Renaissance qui est l'auteur des Essais, premier ouvrage de ce genre de l'époque moderne.

Son père a fait les guerres d'Italie. Il a un précepteur allemand qui lui a toujours parlé en latin. Il va au collège à 6 ans. Il a eu son bac et est magistrat à 21 ans après avoir fait des études de droit. Il est l'ami du poète Etienne de la Boétie. Deux évènements l'ont incité à écrire ses essais : le chagrin de la mort de son père et celle de la Boétie ainsi que son envie de se faire connaître. Il se retire chez lui et écrit mais souffre de calculs rénaux et part en voyage. Pendant ce temps il est élu maire de Bordeaux mais refuse. Il accepte convaincu par le roi. Il est réélu maire. Il est catholique mais tolérant. C'était l'ami d'Henri de Navarre.Ses essais sont plusieurs livres avec des chapitres thématiques. C'est lui qui crée le genre. Il y fait son autoportrait, parle beaucoup de la mort, est contre la tortue et les procès pour sorcellerie et contre la colonisation de l'Amérique car selon lui elle amène a des violences incroyables.Montaigne est un héritier de l'humanisme mais est presque déjà un penseur baroque car il constate que dans le monde, rien n'est stable.


Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : " Parce que c'était lui ; parce que c'était moi. "

Je n'ai point l'autorité d'être cru, ni ne le désire, me sentant trop mal instruit pour instruire autrui. Tous les jours vont à la mort, le dernier y arrive.

Notre âme s'élargit d'autant plus qu'elle se remplit.

L'âme qui n'a point de but établi, elle se perd : car, comme on dit, c'est n'être en aucun lieu, que d'être partout.

Si haut que l'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul.


Je me fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui à qui je mens.

C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit dès l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire.
Certes, c'est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant, que l'homme. Il est malaisé d'y fonder jugement constant et uniforme.
La crainte, le désir, l'espérance nous élancent vers l'avenir, et nous dérobent le sentiment et la considération de ce qui est, pour nous amuser à ce qui sera, voire quand nous ne serons plus.
Heureux, qui savent réjouir et gratifier leur sens par l'insensibilité, et vivre de leur mort.

Tout ainsi que nature nous fait voir que plusieurs choses mortes ont encore des relations occultes à la vie. Le vin s'altère aux caves, selon aucunes mutations des saisons de sa vigne. Et la chair de venaison change d'état aux saloirs et de goût, selon les lois de la chair vive, à ce qu'on dit.

Nous ne pouvons être tenus au-delà de nos forces et de nos moyens.

Je me garderai, si je puis, que ma mort dise chose que ma vie n'ait premièrement dite.
Toute opinion est assez forte pour se faire épouser au prix de sa vie.
Et à la vérité ce que nous disons craindre principalement en la mort, c'est la douleur, son avant-coureuse coutumière.
Il est aisé à voir que ce qui aiguise en nous la douleur et la volupté, c'est la pointe de notre esprit.
Je vis du jour à la journée, et me contente d'avoir de quoi suffire aux besoins présents et ordinaires ; aux extraordinaires toutes les provisions du monde n'y sauraient suffire.

L'aisance donc et l'indigence dépendent de l'opinion d'un chacun ; et non plus la richesse, que la gloire, que la santé, n'ont qu'autant de beauté et de plaisir que leur en prête celui qui les possède. Chacun est bien ou mal selon qu'il s'en trouve. Non de qui on le croit, mais qui le croit de soi est content. Et en cela seul la créance se donne essence et vérité.
À la vérité, c'est raison qu'on fasse grande différence entre les fautes qui viennent de notre faiblesse, et celles qui viennent de notre malice.
Le but de notre carrière, c'est la mort, c'est l'objet nécessaire de notre visée : si elle nous effraie, comme est-il possible d'aller un pas avant, sans fièvre ? Le remède du vulgaire, c'est de n'y penser pas... Mais de quelle brutale stupidité lui peut venir un si grossier aveuglement ?
Il est incertain où la mort nous attende, attendons-la partout.
Qui apprendrait les hommes à mourir, leur apprendrait à vivre.
Le premier jour de votre naissance vous achemine à mourir comme à vivre.

La vie n'est de soi ni bien ni mal : c'est la place du bien et du mal selon que vous la leur faites.
Rien de noble ne se fait sans hasard.
C'est un excellent moyen de gagner le cœur et volonté d'autrui, de s'y aller soumettre et fier, pourvu que ce soit librement et sans contrainte d'aucune nécessité, et que ce soit en condition qu'on y porte une fiance pure et nette, le front au moins déchargé de tout scrupule.
Nous ne travaillons qu'à remplir la mémoire, et laissons l'entendement et la conscience vide. Tout ainsi que les oiseaux vont quelquefois à la quête du grain et le portent au bec sans le tâter, pour en faire becquée à leurs petits, ainsi nos pédantes vont pillotant la science dans les livres, et ne la logent qu'au bout de leurs lèvres, pour la dégorger seulement et mettre au vent.
Quand bien nous pourrions être savants du savoir d'autrui, au moins sages ne pouvons-nous être que de notre propre sagesse.

Or il ne faut pas attacher le savoir à l'âme, il l'y faut incorporer ; il ne l'en faut pas arroser, il l'en faut teindre et, s'il ne la change, et améliore son état imparfait, certainement il vaut beaucoup mieux le laisser là.
Savoir par cœur n'est pas savoir : c'est tenir ce qu'on a donné en garde à sa mémoire. Ce qu'on sait droitement, on en dispose, sans regarder au patron, sans tourner les yeux vers son livre. Fâcheuse suffisance, qu'une suffisance pure livresque !
Le silence et la modestie sont qualités très commodes à la conversation.
Ce n'est pas une âme, ce n'est pas un corps qu'on dresse, c'est un homme.

Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies.
La gloire et la curiosité sont les deux fléaux de notre âme. Celle-ci nous conduit à mettre le nez partout, et celle-là nous défend de rien laisser irrésolu et indécis.
L'amitié se nourrit de communication [...]
L'estimation et le prix d'un homme consiste au cœur et à la volonté.

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