lundi 22 décembre 2008

Ainsi parlait Diderot


Denis Diderot, né le 5 octobre 1713 à Langres et mort le 31 juillet 1784 à Paris, est un écrivain, philosophe et encyclopédiste français.

Diderot marque par sa culture, son esprit critique, sa puissance de travail et un certain génie. Il laisse son empreinte dans l'histoire de tous les genres littéraires auxquels il s'est essayé : il pose les bases du drame bourgeois au théâtre, il révolutionne le roman avec Jacques le Fataliste, il invente la critique à travers ses Salons, il est le maître d'œuvre d'un des ouvrages les plus marquant de son siècle, la célèbre Encyclopédie. En philosophie également, Diderot se démarque en proposant plus de la matière à un raisonnement autonome du lecteur qu'un système complet, fermé et rigide. Rien en fait ne représente mieux le sens de son travail et son originalité que les premiers mots de ses Pensées sur l'interprétation de la nature (1753) :

« Jeune homme, prends et lis. Si tu peux aller jusqu'à la fin de cet ouvrage, tu ne seras pas incapable d'en entendre un meilleur. Comme je me suis moins proposé de t'instruire que de t'exercer, il m'importe peu que tu adoptes mes idées ou que tu les rejettes, pourvu qu'elles emploient toute ton attention. Un plus habile t'apprendra à connaître les forces de la nature; il me suffira de t'avoir fait essayer les tiennes. »

Mal connu de ses contemporains, éloigné des polémiques de son temps et des conventions sociales, mal reçu par la Révolution, il devra attendre la fin du 19e pour recevoir enfin l'intérêt et la reconnaissance de la postérité dans laquelle il avait placé une partie de ses espoirs.


Ne prescrivez à vos regrets d'autre terme que celui que le temps y mettra.


L'homme est le terme unique d'où il faut partir et auquel il faut tout ramener.


Se jeter dans les extrêmes, voilà la règle du poète.


Garder en tout un juste milieu, voilà le bonheur.


Quand on veut écrire sur les femmes, il faut tremper sa plume dans l'arc-en-ciel et secouer sur sa ligne la poussière des ailes du papillon.


Un mot n'est pas la chose, mais un éclair à la lueur duquel on l'aperçoit.


On ne se fait pas toujours une langue propre à son cœur.


Les pressentiments dont il est impossible de se défendre, ce sont surtout ceux qui se présentent au moment où la chose se passe loin de nous, et qui ont un air symbolique.


Est-ce qu'on est maître de devenir ou de ne pas devenir amoureux ? Et quand on l'est, est-on maître d'agir comme si on ne l'était pas ?


Tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas est écrit là-haut.


Faute de savoir ce qui est écrit là-haut, on ne sait ni ce qu'on veut ni ce qu'on fait, et qu'on suit sa fantaisie qu'on appelle raison, ou sa raison qui n'est souvent qu'une dangereuse fantaisie qui tourne tantôt bien, tantôt mal.


Un fou (...) c'est un homme dangereux ; et par conséquent un homme heureux est sage.


Un homme heureux est celui dont le bonheur est écrit là-haut ; et par conséquent celui dont le malheur est écrit là-haut, est un homme malheureux.


La vérité est souvent froide, commune et plate (...).


Il vaut mieux déceler une faiblesse que se laisser soupçonner d'un vice.


Les devoirs de la sépulture ne sont pas les derniers devoirs des amis.


Ne payez jamais d'avance, si vous ne voulez pas être mal servi.


Sais-tu qui sont les mauvais pères ? Ce sont ceux qui ont oublié les fautes de leur jeunesse.


L'expérience est la mémoire de beaucoup de choses.


On rit par occasion ; mais on n'est pas rieur par état.


Ce qui caractérise le philosophe et le distingue du vulgaire, c'est qu'il n'admet rien sans preuve, qu'il n'acquiesce point à des notions trompeuses et qu'il pose exactement les limites du certain, du probable et du douteux.


Le but d'une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre ; d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de les transmettre aux hommes qui viendront après nous.


Je ne sais ce que c'est des principes, sinon des règles qu'on prescrit aux autres pour soi.


Ce qui est aujourd'hui un paradoxe pour nous sera pour la postérité une vérité démontrée.


Un homme de lettres peut avoir une maîtresse qui fasse des livres ; mais il faut que sa femme fasse des chemises.


L'homme précoce vit, boit, mange avec les stupides qui l'environnent, mais converse avec l'avenir.

Le meilleur médecin est celui après lequel on court sans le trouver.


Un homme de cœur ne doit point entrer chez la plupart des grands, ou doit laisser ses sentiments à la porte.


Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples.


Au delà de ces limites, c'est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte.


Ce n'est pas le linceul qui fait le mort.


On n'a tant d'indulgence que quand on n'a plus d'amour.


Qu'est-ce que les caresses de deux amants, lorsqu'elles ne peuvent être l'expression du cas infini qu'ils font d'eux même ?


Nous savons haïr mais nous ne savons pas aimer.


Mes idées, ce sont mes catins.


Quand je me promets une vie heureuse, je me la promets longue.


C'est le sort de presque tous les hommes de génie ; ils ne sont pas à portée de leur siècle ; ils écrivent pour la génération suivante.


La perfection évangélique n'est que l'art funeste d'étouffer la nature.


On unit les projets d'un être éternel à la durée d'un éphémère.

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