mercredi 7 octobre 2009

Morceaux choisis - Yves Maris


Et le laurier refleurira…





Décès du dernier philosophe cathare
survenu le 29 juillet 2009

Professeur Yves Maris
Docteur en philosophie

 

Le questionnement des « valeurs »

 

« La gnose ancienne nommait « Hyliques » (du grec hylé : la matière) les hommes qui ne voyaient de valeurs qu’aux choses matérielles. Leur langue était de bois, leur cœur de pierre et leur poigne de fer. Ils cherchaient à posséder la terre, tout autant que les hommes. Ils étaient également manipulés par les « maîtres de désirs ». Ils courraient toujours après quelques affaires. Ils ne semblaient venus sur terre que pour y commercer.

Les « Psychiques » (du grec psyché : l’âme) vivaient leurs passions humaines, d’amour et de haine, de colère et de pitié, de jalousie et d’envie en de savants épanchements. Maîtres des lois et des bons sentiments, ils s’employaient à juger les autres au regard de la norme. Leurs bavardages valaient jurisprudence.


Prétendant vainement ordonner le monde, ils étaient de même les jouets des « maîtres à penser ».

 

Les « Pneumatiques » (du grec pneuma : l’esprit) rejetaient le monde de toutes les convoitises. Ils se dépouillaient des choses et se délivraient des passions. Ils se disaient d’ailleurs, et cultivaient, comme un souvenir, une bouture d’esprit quelque part dans leur âme. C’était des passants sur la terre. Ils ne reconnaissaient qu’à leur conscience claire le droit de porter un jugement de valeur. Ils le gardaient toujours caché au profond de leur cœur.

 

Ce n’est que par l’Esprit, que chaque homme peut arracher ses racines animales de la glèbe et rendre ses passions aux démons de la terre. Par l’Esprit, il peut se vouer à un projet personnel qui l’appelle au dépassement de lui-même. Il peut vouloir devenir « Homme ».


Encore faut-il qu’il le décide ou convertisse sa vie sous le choc de la grâce. Il s’enrichit toutes les fois qu’il rejette l’inutile objet du désir, celui qui choisit de confier à l’Esprit la valeur absolue.

 

Dans le foisonnement des modèles en quête d’espérances, décidons ensemble de devenir responsables. Ordonnons nos vies, non point celle des autres. Répondons de nous-mêmes à notre seule conscience. Posons les fondements d’une communauté nouvelle, qui se remplisse d’hommes et de femmes libres, qui se donne le projet de faire vivre l’Esprit. Le XXIe siècle n’appartient à personne. Ayons l’audace de proposer au monde nos propres références ! »

 

Yves Maris, le 25 décembre 2002


Dieu n’a pas de réalité en ce monde

 

« La question est :


Comment les hommes ont-ils pu imaginer qu’un dieu bon était à l’origine du monde ?

 

Le cathare conçoit l’idée du mal par le regard qu’il porte sur la réalité du monde. Celle-ci forme la représentation négative, à partir de laquelle il imagine Dieu en tant que représentation positive. Dieu n’a donc pas de réalité. L’existence appartient au Diable ! Le discours cathare apparaît plus vrai que le discours judéo-chrétien. Il ne cherche pas à justifier Dieu en accusant les hommes. Il n’occulte ni les souffrances, ni les gémissements de la nature entière. Il n’établit pas une théologie compliquée pour disculper Dieu de l’existence du mal. L’étonnement scientifique supplante la curiosité des mythes. Dieu demeure à jamais inconnu pour le cathare immergé dans la réalité. Aussi ne peut-il prétendre toucher à « l’Esprit de Dieu » qu’en se défaisant peu à peu du monde. Son regard sur la nature de l’homme est, certes, pessimiste. Mais la pensée qui l’appelle à le débarrasser de sa méchante nature le pousse vers l’optimisme. »


www.mediapart.fr/blog/67548 -

 



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