mardi 27 octobre 2009

Morceaux choisis - Blaise Pascal



Blaise Pascal

Le moi est haïssable.
Condition de l'homme. Inconstance, ennui, inquiétude.

Je ne peux pas comprendre le tout si je ne connais pas les parties, et je ne peux pas comprendre les parties si je ne connais pas le tout.
Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraye.
Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.
Un roi sans divertissement est un homme plein de misères.

Qu'est-ce que l'homme dans la nature?
Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout.


Divertissement :

Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser.


Imagination :
C'est cette partie décevante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l'était infaillible du mensonge.



C’est une maladie naturelle à l’homme de croire qu’il possède la vérité.

Le pari de Pascal :


Le Pari de Pascal est le nom donné à un passage des Pensées de Blaise Pascal où il met à plat le gain que l'on peut avoir en croyant en Dieu. Le but de son exercice est probablement de convaincre ceux de ses contemporains qui prisent beaucoup le milieu du jeu, et seront plus accessibles à ce genre d'argument qu'à des considérations de théologie pure.

« Examinons donc ce point et disons : Dieu est, ou il n’est pas. Mais de quel côté pencherons-nous ?


La raison n’y peut rien déterminer. Il y a un chaos infini qui nous sépare. Il se joue un jeu, à l’extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile : que gagerez-vous ?


Par raison vous ne pouvez faire ni l’un ni l’autre, par raison vous ne pouvez défendre nul des deux.


Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix, car vous n’en savez rien !


- « Non, mais je les blâmerai d’avoir fait, non ce choix, mais un choix. Car encore que celui qui prend croix et l’autre soient en pareille faute, ils sont tous deux en faute. Le juste est de ne point parier ».


- Oui, mais il faut parier. Cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué. Lequel prendrez-vous donc ?


- Voyons. Puisqu’il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins. Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude, et votre nature a deux choses à fuir : l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, puisqu’il faut nécessairement choisir, en choisissant l’un que l’autre. Voilà un point vidé.


- Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien.


- Gagez donc qu’il est sans hésiter !


- - « Cela est admirable. Oui, il faut gager.


- Mais je gage peut-être trop. » »


Pensées, L.418, S.680.

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