Les échos de l'ego
« L’image que l’homme a de lui-même est sa propre limite. "
Saint-Exupéry
" De même que la valeur de la vie n'est pas en surface mais dans ses profondeurs, les choses vues ne sont pas dans leur écorce, mais dans leur noyau et les hommes ne sont pas dans leur visage, mais dans leur cœur."
Khalil Gibran
Ego
est un substantif tiré du pronom personnel grec εγὠ (« je/moi »). Il désigne généralement la représentation et la conscience que l'on a de soi-même. Il est tantôt considéré comme le fondement de la personnalité (notamment en psychologie) ou comme une entrave à notre développement personnel (notamment en spiritualité).
En fait, l’ego est la répercussion du Je dans l’énergie condensée qu’est la matière dans laquelle nous évoluons ; il n’est que l’écho de notre être spirituel, une courroie de transmission expressive.
L'égoïsme
est un trait de caractère, l'attitude d'une personne dont les actions ou les idées sont uniquement orientées par ses propres intérêts, sans prendre en compte les nécessités d'autrui.
Notre unicité psychologique et biologique, dans l’incarnation, nous permet de construire un système d’adaptation vital qui nous représente ; mélange d’instinct de conservation et de volonté de survie, notre individualité se transforme en exclusivité en nous distanciant, ou nous séparant, de l’autre.
L’égotisme
est une jouissance raffinée de sa propre personne ; culte du moi, intérêt excessif accordé à sa propre personnalité, au développement de celle-ci.
C’est l’application du sentiment, de l’amour, à soi-même ; c’est un égoïsme devenu passionnel.
L’égocentrisme
consiste à ne concevoir le monde que de son seul point de vue ; tendance à ramener tout à soi, à se sentir le centre du monde.
Il s’agit d’une attitude plus réfléchie, plus intellectuelle ; une posture philosophique déviante du « Je pense donc je suis » cartésien qui se résout à une transformation algébrique débouchant sur un Je puissance deux.
Alter ego
est un terme latin signifiant : un autre moi-même. L'autre en tant qu'il n'est pas seulement un autre que moi mais un autre moi. Dans la langue commune, l'expression renvoie à l'idée de substituabilité : l’alter ego est celui qui peut faire et être à ma place.
On est dans le renforcement de l’égocentrisme appliqué à l’autre en tant que besoin nécessaire à l’équilibre existentiel mais ramené et limité au clonage de soi-même.
Le culte de l’ego,
c’est la religion préfabriquée qu’on rend à soi-même, une déification de sa personnalité, le nec plus ultra de sa personne. C’est une ritualisation qui passe à un degré supérieur de déification de la singularité.
Narcisse, par Le Caravage (v. 1595)
Le narcissisme,
ou le déséquilibre pathologique du culte de soi ; on s’aime trop pour pouvoir aimer quelqu’un d’autre.
« Sum qui sum. »
(Exode 3,14)
« Je suis celui qui suis. »
C’est le reflet qui tue ; l’instauration du déséquilibre létal de la personne par hyper-développement de sa personnalité ; c’est l’inceste solitaire, le Dédoublement de soi, où l'individu se réduit à l'image de lui-même et devient un corps sans âme.
Dans la mythologie grecque, Narcisse (en grec ancien Νάρκισσος / Nárkissos) est le fils du dieu fleuve Céphise et de la nymphe Liriope. Son nom semble lié au grec ancien narkê : sommeil. L'histoire est notamment rapportée dans Les Métamorphoses d'Ovide : à sa naissance, le devin Tirésias, à qui l'on demande si l'enfant atteindrait une longue vieillesse, répond :
« Il l'atteindra s'il ne se connaît. »
Un jour qu'il s'abreuve à une source, il voit son reflet dans l'eau et en tombe amoureux. Il y reste alors de longs jours à se contempler et à désespérer de ne jamais pouvoir rattraper sa propre image. Il finit par dépérir puis mourir, et est pleuré par ses sœurs les naïades. À l'endroit où l'on retire son corps, on découvre des fleurs blanches : ce sont les fleurs qui aujourd'hui portent le nom de narcisses.
L'histoire de Narcisse est passée dans le langage courant ; en effet, on dit d'une personne qui s'aime à outrance qu'elle est narcissique.
Toutes ces dérives du Moi dans tous ses émois, et les nombreuses notions sémantiques qui les accompagnent, prouvent bien les nombreux dangers qui nous menacent, au nom de l’illusion qui nous gouverne.
Trop nombreux sont ceux qui confondent, encore aujourd’hui, le développement personnel, dû à l’hypertrophie du moi avec l’éveil spirituel, libération et consécration de l’étincelle d’esprit incarcérée dans la matière vivante.
L’humble vérité du Je ou l’authenticité sereine et profonde du Soi le disputent à tout l’apparat ostentatoire de l’ego en permanence. La vie nous est donnée pour rétablir en soi l’expression des valeurs véritables de l’être spirituel.
Il suffit un jour de décider qu’il n’est point besoin de paraître pour être, afin d’exister vraiment et se libérer à jamais du carcan des illusions.
Mais que ce chemin est long et difficile…
Il faut arracher le masque pour se découvrir en toute vérité, au-delà des apparences trompeuses des « moi » divers et successifs.
Il faut savoir refuser l’ambition et l’artifice, se ressourcer aux racines profondes de son être, dans le dénuement des sentiments et des émotions, dans le refus catégorique des arrangements et des compromissions, pour voir poindre du fin fond de son horizon intérieur la lumière vivifiante et purifiante de l’esprit.
« La récapitulation de notre vie ne cesse jamais, peu importe la perfection avec laquelle nous l'avons accomplie auparavant. La raison pour laquelle la moyenne des gens manque de volonté dans leur rêve est qu'ils n'ont jamais récapitulé, et que leurs vies sont pleines à ras bords d'émotions lourdement chargées, tels que souvenirs, espoirs, peurs, etc. »
Carlos Castaneda
Carlos Castaneda
Il faut savoir qui l’on n’est pas afin de pouvoir connaître celui qui est.
(Exode 3,14)
« Je suis celui qui suis. »
Beaucoup de sagesse et d'acquitté spirituelle. J'apprécie... et me sens UN avec elles. Sosefo "Life is Life
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