mercredi 30 septembre 2009

Ainsi parlait Graf Durkheim




En face de la vraie nature de la réalité :

Eveil spirituel




« Trente rayons se rencontrent dans le moyeu.
Mais c’est le vide en lui qui crée la nature de la roue.
Les vases sont faits d’argile.
Mais c’est le vide en eux qui fait la nature du vase. »
Tao Te King


« Et cela survint. En entendant le onzième aphorisme, je fus frappé d’un éclair.

Et soudain cela arriva…
J’écoutais, et l’éclair me traversa… Le voile se déchira, j’étais éveillé. Je venais de faire l’expérience de « cela ». Tout existait et n’existait pas, ce monde, et à travers lui la percée d’une autre réalité. Moi-même, j’existais et je n’existais pas, j’étais saisi dans l’enchantement, ailleurs et pourtant bien là, heureux et privé de sentiments, très loin et en même temps profondément enraciné dans les choses.

Toute la réalité qui m’entourait était tout-à-coup formée de deux pôles : l’un était le visible immédiat, et l’autre un invisible qui était, au fond, l’essence de ce que je voyais. Je voyais vraiment l’Être. Je voyais l’Être dans l’Étant. Et cela m’a si profondément touché que j’avais l’impression de ne plus être tout-à-fait moi-même.

Je sentais que j’étais rempli d’une chose extraordinaire, immense, qui me remplissait de joie, et en même temps me plongeait dans un grand silence. Je restai à peu prés vingt quatre heures dans cet état. Il y avait là tout-à-coup une autre réalité angélique, qui m’entoura à partir de ce moment-là.

Cet état exceptionnel dura tout le jour et une partie de la nuit. Il m’avait définitivement marqué. J’avais vécu ce dont ont témoigné, à travers tous les siècles, des hommes qui, une fois, à un moment quelconque de leur vie, ont vécu une expérience. Elle les a frappés comme l’éclair et les a liés pour toujours au courant de la vraie Vie. Ou plutôt elle leur a rendu perceptible la source d’un grand bonheur et en même temps de la souffrance que l’on éprouve quand ce courant est interrompu.

Mais c’est aussi une expérience inséparable d’un engagement sur la voie intérieure. Répétée ensuite à plusieurs reprises bien qu’avec moins de force, elle continue, bien des années plus tard, à servir de point de repère pour indiquer, à moi et à d’autres, la direction juste de connaissance et de travail.

J’avais éprouvé cela, net comme un coup de tonnerre, clair comme un jour de soleil, cela, qui était totalement incompréhensible. La vie continuait, la vie d’avant, et pourtant ce n’était pas la même. Il y avait l’attente douloureuse de davantage « d’Être », une promesse profondément ressentie. Et en même temps des forces croissant à l’infini et l’aspiration vers un engagement — à quoi ?»

Graf Durkheim, psychothérapeute
Pratique de l’expérience spirituelle, éd. Du Rocher.
(1918)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire