"Dépression" de Van Gogh
« La nature a horreur du vide. »
Aristote
Le processus dépressif
La dépression, c’est l’illusion de la vacuité.
On ressent le vide qui s’installe en soi, qui se dilate et nous aspire ; c’est l’attrait du vide intérieur avec le syndrome de la spirale qui accélère la descente. C’est comme un vertige venu de l’intérieur de soi, une perte d’adhérence débouchant sur la phobie de son anéantissement.
Pourquoi ce sentiment de vide ?
Il y a trois modes dépressifs ; par réaction, par inaction et par désillusion. Les trois obéissent au même schéma : immobilisme et incompréhension.
• Par réaction à une situation donnée : perte d’un être cher, maladie grave, séparation, divorce, veuvage, etc.
C’est la modification d’un état antérieur, assimilé au bien-être ou au bonheur, qui crée ce sentiment de manque, de nostalgie qui va, s’il dure, s’enkyster dans la personnalité et devenir pathologique.
• Par inaction qui correspond soit à une situation imposée (perte d’emploi, chômage, etc.) soit à un contexte personnel débouchant sur un manque d’envie, une absence de motivation généralisée qui s’installe et se développe, de façon pernicieuse, en annihilant toute volonté de faire quoique ce soit, que l’on préjuge vain, en toute mauvaise foi.
• Par désillusion quand, alors qu’on s’est fixé un but à atteindre, donné les moyens d’y parvenir et le temps nécessaire à le réussir, on s’aperçoit que l’on n’y arrive pas, malgré toute sa bonne volonté de bien faire. L’échec entraine une remise en question de soi, rapidement suivie d’une dépréciation chronique.
Comment combler ce vide ?
La réflexion pour analyser les tenants et aboutissants et la programmation pour dégripper le moteur de l’action sont les deux outils essentiels de la guérison de la dépression.
La programmation permet d’instaurer l’action et d’adopter une technique de réalisation. C’est la dynamique du mouvement.
• La réflexion doit permettre de trouver l’origine précise de la tendance dépressive. Quand on a compris d’où ça vient, on a pratiquement gagné le combat, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Identifier le problème c’est déjà le résoudre.
• Vient ensuite la programmation qui consiste à mettre au point l’action juste qui va supprimer le vide qu’on a circonscrit lors de l’analyse.
C’est sans doute l’étape la plus délicate, car il faut trouver une action qui soit une réponse adaptée en qualité et en quantité à la nature de la dépression identifiée au préalable. D’autre part, il faut s’y tenir jusqu’à ce qu’un résultat sensible soit perçu.
Bien sur, ce ne sont que des mots, mais ils sont porteurs de sens à condition de leur laisser le temps d’éclore. Paroles, paroles, paroles ; elles s’envolent. C’est bien pour ça qu’il faut tout poser par écrit.
De la théorie à la pratique, il n’y a qu’une étape, celle de passer à l’acte.
Quand tu agis, tu ne déprimes plus… sauf dans le cas de la dépression métaphysique.
La dépression métaphysique
" Mais il est encore une chose que je voudrais vous dire : ce qu'on appelle exploration de l'inconscient dévoile, en fait et en vérité, l'antique et intemporelle voie initiatique. (...). Ce n'est pas mon simple "credo", mais l'expérience la plus importante et la plus décisive de toute ma vie : cette porte, une porte latérale toute banale, ouvre sur un étroit sentier, d'abord anodin et facile à embrasser du regard, - étroit et à peine marqué parce que bien peu seulement l'ont suivi - mais qui mène au secret de la métamorphose et du renouveau. "
Carl Gustav Jung
extrait d'une lettre parue dans "Correspondance,
tome I, 1906-1940 ", Albin Michel, Paris 1993
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