samedi 7 novembre 2009

Patrice de La Tour du Pin




Patrice de La Tour du Pin
 (1911-1975)
est un poète du XXe siècle.


Il est né le 16 mars 1911 à Paris. Son père est tué à la bataille de la Marne dès le début de la Première Guerre mondiale. Il grandira élevé par sa mère et sa grand-mère, avec sa sœur et son frère aîné, entre Paris et Bignon-Mirabeau dans le Gâtinais.


Il fait ses études à Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine, puis à Janson, et entre à l'École libre des sciences politiques.

Il s'est fait particulièrement connaître à ce moment-là par la publication de Quête de joie à 19 ans. C'est Jules Supervielle, à qui il avait apporté son manuscrit, qui fit publier ce poème dans La Nouvelle Revue française. La Quête de joie est publiée aux éditions de la Tortue en 1933. Puis paraissent aux éditions de Mirages dirigés par Armand Guibert L'Enfer (1935) et Le Lucernaire (1936). Il commença aussi à publier des poèmes qu'il rassemblera en la Somme de poésie : Le Don de la Passion en 1937 dans le Cahiers des poètes catholiques, les Psaumes en 1938 chez Gallimard, La Vie recluse en poésie en 1938 chez Plon, Les Anges en 1939 chez Monomotapa à Tunis…


Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut fait prisonnier dès le 17 octobre 1939. Il resta en Allemagne trois ans. À son retour, il épousa sa cousine Anne de Bernis, et continua à publier la Somme de poésie.

«Tout homme est une histoire sacrée.»


«Notre base n'est pas la poésie, notre base est l'homme… Que deviendrait le chant loin des hommes, que signifie le plan propre à la poésie ? à quoi sert-il de s'aventurer sur le prétendu plan de l'art pur, sinon pour acquérir certaines richesses techniques et pour explorer sans vraiment coloniser ? que veut dire cette pureté ? Vous qualifiez les domaines avec des termes qui ne conviennent qu'aux âmes ; et l'amour inclinera vers le froid… Quoi que vous fassiez dans votre œuvre, vous vous faites vous-mêmes. Vous avez tracé des allées intérieures où vous vous êtes engagés… Quoi que vous fassiez, vous aurez appliqué ces heures de votre vie, vous aurez nuancé votre éternel…»


«Tous les pays qui n'ont plus de légende
Seront condamnés à mourir de froid…»


LÉGENDE


Va dire à ma chère Ile, là-bas, tout là-bas,
Près de cet obscur marais de Foulc, dans la lande,
Que je viendrai vers elle ce soir, qu'elle attende,
Qu'au lever de la lune elle entendra mon pas.

Tu la trouveras baignant ses pieds sous les rouches,
Les cheveux dénoués, les yeux clos à demi,
Et naïve, tenant une main sur la bouche,
Pour ne pas réveiller les oiseaux endormis.

Car les marais sont tout embués de légende,
Comme le ciel que l'on découvre dans ses yeux,
Quand ils boivent la bonne lune sur la lande
Ou les vents tristes qui dévalent des Hauts-Lieux.

Dis-lui que j'ai passé des aubes merveilleuses
A guetter les oiseaux qui revenaient du nord,
Si près d'elle, étendue à mes pieds et frileuse
Comme une petite sauvagine qui dort.

Dis-lui que nous voici vers la fin de septembre,
Que les hivers sont durs dans ces pays perdus,
Que devant la croisée ouverte de ma chambre,
De grands fouillis de fleurs sont toujours répandus.

Annonce-moi comme un prophète, comme un prince,
Comme le fils d'un roi d'au-delà de la mer;
Dis-lui que les parfums inondent mes provinces
Et que les Hauts-Pays ne souffrent pas l'hiver.

Dis-lui que les balcons ici seront fleuris,
Qu'elle se baignera dans les étangs sans fièvre,
Mais que je voudrais voir dans ses yeux assombris
Le sauvage secret qui se meurt sur ses lèvres,

L'énigme d'un regard de pure transparence
Et qui brille parfois du fascinant éclair
Des grands initiés aux jeux de connaissance
Et des couleurs du large, sous les cieux déserts...

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