mardi 28 avril 2009

Le prieuré de Sion et la quête du Graal


Le prieuré de Sion et la quête du Graal

En 1956 paraissent en France toute une série d’ouvrages révélant l’activité de Bérenger Saunière et relatifs à l’énigme de Rennes-le-Château. La raison pourtant ne semble pas d’ordre financier mais il s’agit plutôt d’opérer une sorte d’action sur l’opinion publique qui consiste à mobiliser son attention sur cette affaire naissante. Les détails sont révélés à des moments voulus et selon des critères sélectifs. Une véritable distillation au fil du temps par voie allusive et suggestive relayée par Gérard de Sède. (Le processus sera plus tard identique pour Jean-Pierre Petit à propos des documents livrés selon lui par ces mystérieux "Ummites").

Ces ouvrages semblent avoir une seule et même source. Ils sont signés d’un d’auteur qui n’est à l’évidence qu’un pseudonyme plus ou moins transparent : Madeleine Blancassal par exemple (deux rivières près de Rennes-le-Château, la Blanque et la Sals), Nicolas Beucéant (le cri de ralliement des chevaliers du Temple : Beauséant), Jean Delaude du département de l’Aude ! et enfin Antoine l’Ermite ...
De tous les documents publiés par des particuliers et déposés à la Bibliothèque nationale, le plus important est un recueil de feuillets collectivement intitulé "Dossiers secrets", catalogué sous la cote 40 lm 249 et mis sur microfilm. Il se présente comme un mince et insignifiant volume, sorte de chemise à couverture rigide contenant un assemblage hétéroclite de documents complètement dépareillés -coupures de presse, lettres, encarts, arbres généalogiques nombreux, et pages imprimées apparemment arrachées d’autres ouvrages, et périodiquement d’ailleurs subtilisées puis remplacées par d’autres, elles-mêmes surchargées parfois de notes et de corrections manuscrites.

La plus importante partie de ces "Dossiers secrets", qui consiste en arbres généalogiques, est attribuée à un certain Henri Lobineau dont le nom figure sur la page de titre. Deux notes rajoutées à l’intérieur de la chemise mentionnent qu’il s’agit d’un pseudonyme -peut-être dû à la rue Lobineau proche de l’église Saint-Sulpice à Paris ; quant aux généalogies, elles seraient l’œuvre d’un dénommé Leo Schidlof, historien et amateur d’antiquités, Autrichien supposé avoir vécu en Suisse et mort en 1966.

Des allusions de ces "Dossiers secrets "laissent supposer que Leo Schidlof se trouvait effectivement lié à une sorte d’espionnage international ; d’autant plus qu’une nouvelle brochure publiée à Paris dans l’intervalle laissait entendre par ailleurs que le mystérieux Henri Lobineau n’était pas Leo Schidlof, mais un aristocrate français, le comte de Lénoncourt, thèse qui, dans les mois suivants, devait se trouver confirmée par d’autres documents.

Mais la véritable identité de Lobineau n’est pas la seule énigme soulevée par ces dossiers. Un article y figure aussi, faisant allusion à une « sacoche de cuir du même Leo Schidlof », supposée contenir certains documents confidentiels relatifs à l’histoire de Rennes-le-Château entre 1600 et 1800. Cette sacoche aurait, peu après la mort de son propriétaire, passé dans les mains d’un intermédiaire, Fakhar ul Islam, qui l’aurait lui-même confiée en février 1967 à un « agent envoyé par Genève » au cours d’un rendez-vous en Allemagne de l’Est. Mais avant que la transaction ait pu s’effectuer Fakhar ul Islam, expulsé de la RDA, avait dû regagner Paris « pour attendre d’autres ordres ». Or le 20 février 1967 son corps, éjecté de l’express Paris-Genève, était retrouvé à Melun, sur la voie ferrée, toute trace de la sacoche ayant évidemment disparu.

La presse française du 21 février devait d’ailleurs confirmer ce fait divers macabre : un corps décapité a été trouvé sur la voie ferrée à Melun ; c’est celui d’un jeune Pakistanais du nom de Fakhar ul Islam expulsé d’Allemagne pour des raisons inconnues et qui se rendait de Paris à Genève. Pensant qu’il pouvait s’agir d’un agent du contre-espionnage les autorités ont confié l’affaire à la DST.
Aucun journaliste cependant ne faisant évidemment allusion à Leo Schidlof ni à la sacoche de cuir, pas davantage au mystère de Rennes-le-Château, on se trouve confronté à de nouvelles questions. Peut-être cette mort avait-elle bien un lien, et dans ce cas les Dossiers secrets renfermaient une information de toute première source à laquelle la presse et le grand public n’auraient jamais accès. Ou bien, seconde hypothèse, la note parue dans ces dossiers n’était que pure mystification. Quelqu’un s’était emparé d’un ancien « fait divers » - une mort suspecte sur une voie ferrée - et l’avait négligemment glissé parmi les données du dossier, pour brouiller les pistes. Mais dans quel but ? Qui pouvait tirer avantage à créer délibérément autour de Rennes-le-Château cette sinistre atmosphère ?

Ceci est d’autant plus étrange que la mort de Fakhar ul Islam n’était apparemment pas un phénomène isolé, car moins d’un mois plus tard une nouvelle petite brochure était déposée àla Bibliothèque nationale sous le titre Le serpent rouge, ayant pour auteurs Pierre Feugère, Louis Saint-Maxent et Gaston de Koker. Or, fait significatif, elle était datée du 17 janvier...
Que comprend ce petit ouvrage ? Outre une généalogie des rois mérovingiens et deux cartes de la France à leur époque accompagnées d’un bref commentaire, il contient un plan au sol de l’église Saint-Sulpice à Paris, avec toutes ses chapelles et les noms des saints auxquels elles sont consacrées. Mais sa partie la plus importante consiste en treize courts poèmes en prose. Chacun correspond à un signe du zodiaque, zodiaque de treize signes, le dernier étant Ophiuchus ou le Serpentaire, inséré entre le Scorpion et le Sagittaire.

Les treize poèmes relatent à la première personne une sorte de pèlerinage allégorique commençant au Verseau et se terminant au Capricorne qui, comme le précise le texte, culmine le 17 janvier. On trouve ailleurs des allusions à la famille Blanchefort, à certains détails de l’église de Rennes-le-Château et à des inscriptions de Saunière, à Poussin et à ses Bergers d’Arcadie ainsi qu’à la devise gravée sur la tombe « Et in Arcadia ego ». Un serpent rouge, « cité dans les parchemins », est aussi mentionné dans l’un des poèmes, déroulant ses anneaux à travers les siècles -symbole explicite, semble-t-il, d’une lignée ou d’une race. Quant au signe astrologique du Lion, il fait l’objet d’un paragraphe énigmatique qu’il convient de citer en entier :

« De celle que je désirais libérer montaient vers moi les effluves du parfum qui imprégnèrent le sépulcre. Jadis les uns l’avaient nommée : Isis, reine des sources bienfaisantes. VENEZ À MOI VOUS TOUS QUI SOUFFREZ ET QUI ÊTES ACCABLÉS ET JE VOUS SOULAGERAI. Pour d’autres elle est MADELEINE, au célèbre vase plein d’un baume guérisseur. Les initiés savent son nom véritable : NOTRE DAME DES CROSS. »

Les implications de ce texte sibyllin sont extrêmement intéressantes. Isis est évidemment la déesse-mère égyptienne, protectrice des mystères, « Reine blanche » sous ses aspects bienveillants, « Reine noire » sous ses aspects néfastes. Nombreux sont les mythologues, anthropologues et théologiens qui, de la plus haute antiquité païenne jusqu’à l’époque chrétienne, ont suivi la trace de son culte, et pour lesquels Isis aurait survécu sous les traits de la Vierge Marie, « Reine du Ciel » de saint Bernard, déesse-mère Astarté de l’Ancien Testament, qui est l’équivalent phénicien d’Isis.

Mais si l’on en croit "Le serpent rouge", la déesse-mère des chrétiens ne serait pas la Vierge ; elle serait la Magdaléenne, à laquelle sont consacrées l’église de Rennes-le-Château et la tour construite par l’abbé Saunière. Or comme l’indique le poème, le terme de « Notre-Dame » dont sont parées toutes les grandes cathédrales de France ne s’appliquerait pas à la Vierge, mais à cette même Marie-Madeleine. Mais pourquoi donc celle-ci mériterait-elle le titre de « Notre-Dame » et, mieux encore, celui de « déesse mère », elle qui n’a pas enfanté, elle qui dans la tradition chrétienne est présentée comme une prostituée trouvant son salut auprès de Jésus ?

Mais comme dans le quatrième Évangile elle est aussi la première personne à avoir vu le Maître après la Résurrection, elle est par suite considérée comme une sainte, particulièrement en France où, selon les légendes médiévales, elle aurait elle-même apporté le Saint Graal.

Ainsi le « vase plein d’un baume guérisseur » désignerait-il la coupe sacrée ?... Et faudrait-il dans ces conditions attribuer à Marie-Madeleine la place traditionnellement réservée à la Vierge Marie, hypothèse, c’est évident, apparemment hautement hérétique ! Mais quel que soit le message transmis par les auteurs du Serpent rouge, ils n’en verront jamais le résultat, car ils subissent à leur tour l’horrible sort de Fakhar ul Islam. Le 6 mars 1967 en effet Louis Saint-Maxent et Gaston de Koker sont trouvés pendus, et le lendemain 7 mars Pierre Feugère les rejoint dans la mort dans les mêmes conditions.

On ne peut évidemment s’empêcher de penser que ces trois décès sont directement liés à la parution du Serpent rouge. Néanmoins, comme dans le cas de Fakhar ul Islam, il faut envisager un même scénario : quelqu’un recueillant dans un journal l’annonce de ces drames, introduisant les noms à l’intérieur de la brochure déjà composée, puis déposant celle-ci à la Bibliothèque nationale en l’antidatant au 17 janvier. Rien de plus facile... La supercherie est impossible à découvrir, l’effet est assuré. Mais dans quel but ?
Les trois hommes se sont-ils suicidés, ou ont-ils été victimes d’un meurtre ? On peut comprendre en effet que trois personnes soient supprimées parce qu’elles risquent de divulguer une information considérable ; mais l’information, dans ce cas précis, a déjà été divulguée, et même déposée à la Bibliothèque nationale. S’agit-il alors d’une forme de représailles ? Ou bien d’un procédé radical destiné à interdire de futures indiscrétions ? Explications toutes peu satisfaisantes, à moins bien sûr que le coupable n’ait été au préalable certain qu’aucune suite ne serait donnée à l’affaire...


En conclusion :

1) Il existe, derrière celui des Templiers, un ordre secret qui les a créés dans le dessein de se faire assister dans ses attributions militaires et administratives. Cet ordre a fonctionné sous différentes appellations dont la plus courante est celle du « Prieuré de Sion ».

2) Ce Prieuré de Sion a été dirigé par une succession de grands maîtres, dont les noms figurent parmi les plus illustres de l’histoire et de la civilisation occidentales.

3) Les Chevaliers du Temple disparaissent entre 1307 et 1314, mais le Prieuré de Sion reste intact. Périodiquement menacé par les conflits et les cabales, il subsiste pourtant d’un siècle à l’autre, œuvrant dans l’ombre et orchestrant certains grands événements de l’histoire d’Occident.

4) Le Prieuré de Sion existe aujourd’hui encore et demeure actif ; il joue un rôle certain sur le plan international et dans les affaires intérieures de certains pays européens.

5) Le but avoué et déclaré du Prieuré de Sion est de restaurer la dynastie et la race mérovingiennes, non seulement sur le trône de France mais sur ceux des autres nations d’Europe.

6) Cette restauration se justifie parfaitement tant sur le plan moral que sur le plan légal. En effet, la race mérovingienne, déposée au ville siècle, n’a pas disparu pour autant ; après Dagobert II et son fils Sigisbert IV, elle s’est perpétuée en ligne directe et, par le jeu des alliances dynastiques et des mariages, elle inclut aussi bien Godefroi de Bouillon, qui prit Jérusalem en 1099, que divers membres de familles nobles ou royales anciennes et modernes - Blanchefort, Gisors, SaintClair (Sinclair en Angleterre), Montesquiou, Montpezat, Poher, Lusignan, Plantard et Habsbourg-Lorraine. La race mérovingienne peut en conséquence se prévaloir à l’heure actuelle en toute légitimité de ce brillant héritage.

L’existence de ce Prieuré de Sion pourrait alors expliquer la référence à « Sion » fligurant dans les parchemins trouvés par Bérenger Saunière, comme elle expliquerait la curieuse signature, « P.S. », qui paraît sur l’un des parchemins et sur la pierre tombale de Marie de Blanchefort.

2 commentaires:

  1. Bonjour voila ce que je recherchais depuis ce fameux diner...
    jai bien compris certaines choses et travaillé depuis mais peut etre que le prieuré de sion n'est aussi que l'oeuvre d une seule personne..
    A suivre
    L auteur de ce blog me reconnaitra...je pense

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  2. Bonjour Golden Boy, dirais-je,... peut-être.
    Ce repas, qui remonte sans doute à quelques années, durant une nuit d'été, fut des plus agréables et je suis heureux qu'il soit ancré dans ta mémoire.
    Content de te retrouver ici, ce qui prouve que tu as travaillé, dans le bon sens du terme.
    Quant à savoir si le P.S. n'est l'oeuvre que d'une seule personne, c'est une autre histoire...
    A suivre, donc !

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