jeudi 9 avril 2009

Ainsi parlait J. Giono


GIONO à Manosque
" La ville des hirondelles "

Aquarelle originale et inédite de Lucien JACQUES
( 1931-1932 )

Jean Giono (Manosque , 30 mars 1895 - Manosque, 8 octobre 1970) est un écrivain français, d'une famille d'origine piémontaise, dont l'œuvre romanesque a en grande partie pour cadre le monde paysan provençal. Inspirée par son imagination et ses visions de la Grèce antique, elle dépeint la condition de l'Homme dans le monde, face aux questions morales et métaphysiques, et possède une portée universelle.

Il devint l'ami de Lucien Jacques, d'André Gide et de Jean Guéhenno, ainsi que du peintre Gimel. Il resta néanmoins en marge de tous les courants de littérature de son temps. Les trois premiers livres de Jean Giono (Colline, Un de Baumugnes et Regain) constituent la trilogie de Pan. Le dieu Pan est une figure importante dans les livres de Giono. Il est explicitement présent au tout début, et restera jusqu'à la fin en filigrane. Il représente la nature unifiée dans un être unique. Bien que peu adepte des discussions philosophiques, Giono fait quelques brèves allusions au panthéisme (cf. Spinoza, Parménide), qu'il développe allègrement de façon lyrique dans ses premiers livres. La nature y est présentée d'une façon bien différente de l'idyllique et bienveillante Provence de Pagnol. Chez Giono, la nature est belle, mais elle est aussi cruelle, destructrice et purificatrice : l'Homme en fait partie, mais elle n'est pas l'Homme. Ainsi, dans Le Hussard sur le toit, la nature se manifeste par le choléra qui dévaste la Provence et tue aveuglément sans se soucier des préoccupations politiques qui agitent les hommes.

Les sentiers battus n'offrent guère de richesse, les autres en sont pleins.


Pour bien mentir il faut beaucoup de sincérité.

Je crois que ce qui importe c'est d'être un joyeux pessimiste.

Je suis désespéré d'avoir du bon sens; mauvais outil pour le bonheur.

Le bonheur est une recherche. Il faut y employer l'expérience et son imagination.

Les hommes sont les êtres les plus faibles du monde parce qu'ils sont intelligents. L'intelligence est exactement l'art de perdre de vue.

L'eau, dès qu'il y en a d'étendue sur plusieurs kilomètres carrés, attire irrésistiblement la médiocrité sur ses bords.

La religion?

Elle a failli à ses devoirs. Elle est le soutien naturel de cette société qui traîne le malheur sur la terre comme une herse de fer. Elle est comme ces hautes flammes du soleil qui se détachent de la masse de feu et roulent dans l'espace, se refroidissant en mondes noirs qui s'éloignent de l'astre générateur et plongent dans les abîmes. Il y a bien longtemps que la religion n'a plus aucun rapport avec Dieu.

La mort ne m'a jamais angoissé et j'ai trouvé au contraire que c'était extrêmement consolant de savoir que la mort existe (...) La mort je la comprends d'une façon parfaite, et je l'ai comprise dès le début.

Celui qui prie pour empêcher la mort est aussi fou que celui qui prierait pour faire lever le soleil par l'ouest, sous prétexte qu'il n'aime pas la lumière matinale.

Faire chanter les lendemains est l'essentiel de toute mystique. On ne s'en est pas privé depuis que le monde est monde et, sur ce point, il n'a pas été nécessaire de progresser parce qu'il n'y avait pas besoin de progrès. C'était parfait du premier coup.

Nous n'avons pas de futur. Pour tout le monde le futur parfait c'est la mort. Notre seul bien c'est le présent, la minute même; celle qui suit n'est déjà plus à nous.

Les sentiers battus n'offrent guère de richesse; les autres en sont pleins.

Je considère que l'homme est très peu de chose, minuscule, très peu. Son intelligence est très peu de chose, que ce qu'il a découvert, même avec les découvertes des cinquante dernières années, c'est très peu de chose. C'est infime. Ça n'a de valeur que par rapport à nous, et ça ne nous paraît grand que parce que nous sommes infiniment petits. Par rapport à l'univers, c'est zéro multiplié par des milliards et des milliards de zéro, c'est zéro. Une espèce de petit frémissement sur une gelée glacée.

Je n'ai jamais cru que l'école, ou les écoles, était suffisante pour faire un homme; il y faut le travail de la vie. Les animaux ont plus de chance que nous. Un petit renard est magnifiquement aidé par la nature, et il devient presque immanquablement un grand renard. Entre un petit homme et la vie s'interposent toutes les inventions des hommes, leurs bruits qui ne sont pas beaux, leurs couleurs qui ne sont pas belles, leurs odeurs qui sont mauvaises. Certains de ces petits hommes n'auront jamais leurs sens alimentés par d'autres choses. Il est logique, normal et naturel qu'ils soient morts. Tels ne deviennent jamais des hommes au vrai sens du terme; ils sont tout ce que voulez d'autre: de petits voyous, de petits crétins, les esclaves de leurs nerfs.


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