lundi 13 avril 2009

Ainsi parlait H. Michaux


Henri Michaux


Henri Michaux (Namur, 24 mai 1899Paris, 19 octobre 1984) est un écrivain, poète et peintre d'origine belge d'expression française naturalisé français en 1955. Son œuvre est souvent rattachée au courant surréaliste, même s'il n'a pas fait partie du mouvement.


Venu vivre à Paris à vingt-cinq ans, Henri Michaux fait la connaissance de Max Ernst et de Chirico. Il part ensuite pour de longs voyages en Amérique du Sud, en Turquie et en Extrême-Orient dont il ramène des observations qu'il consigne dans les livres 'Ecuador' et un 'Barbare en Asie'. Auteur prolixe, et subtil, d'un humour fin où parfois pointe le tragique, Michaux se met à peindre en 1937, sans avoir étudié le dessin. Pendant quelques années, il s'intéresse au pouvoir des drogues et écrit 'Misérable miracle' et 'Connaissance par les gouffres', suite à des prises de mescalines et d'hallucinogènes. Michaux était un écrivain secret, d'une haute imagination, son oeuvre entière est publiée par Gallimard. Deux tomes de ses poèmes sont aussi parus dans la collection La Pléiade.


«On veut trop être quelqu'un.»


«On n'en finit pas d'être un homme.»

«La jeunesse, c'est quand on ne sait pas ce qui va arriver.»

«Je cherche un être à envahir.»

«On n'est peut-être pas fait pour un seul moi ? »

«Les drogues nous ennuient avec leur paradis. Qu'elles nous donnent plutôt un peu de savoir.»

«Qui laisse une trace, laisse une plaie.»

«On n’est pas seul dans sa peau.»

«L'habillement est une conception de soi que l'on porte sur soi.

«La foi, semelle inusable pour qui n’avance pas.»

«Tout est drogue à qui choisit pour vivre l'autre côté.»

«Tristesse du réveil. Il s’agit de redescendre, de s’humilier. L’homme retrouve sa défaite : le quotidien.»

«Je voulais dessiner la conscience d'exister et l'écoulement du temps.»

«Ne faites pas le fier. Respirer, c'est déjà être consentant. D'autres concessions suivront, toutes emmanchées l'une dans l'autre.»

«Il cherche la jeunesse à mesure qu'il vieillit. Il l'espérait. Il l'attend encore. Mais il va bientôt mourir.»

«Qui a l'âme élevée sans être fort, sera hypocrite ou abject.»

«Qui cache son fou, meurt sans voix.»

«Ne désespérez jamais. Faites infuser davantage.»

«Si un contemplatif se jette à l’eau, il n’essaiera pas de nager, il essaiera d’abord de comprendre l’eau. Et il se noiera.»

«Le voyage n'est pas une femme. Il ne veut pas de la contemplation.»

«L'enseignement de l'araignée n'est pas pour la mouche.»

" Ecce homo " (Exorcismes)


J'ai vu l'homme.


Je n'ai pas vu l'homme comme la mouette, vague au ventre, qui file rapide sur la mer indéfinie.

J'ai vu l'homme à la torche faible, ployé et qui cherchait. Il avait le sérieux de la puce qui saute, mais son saut était rare et réglementé. [...]

Je n'ai pas vu l'homme répandant autour de lui l'heureuse conscience de la vie. Mais j'ai vu l'homme comme un bon bimoteur de combat répandant la terreur et les maux atroces.

Il avait, quand je le connus, à peu près cent mille ans et faisait aisément le tour de la Terre. Il n'avait pas encore appris à être bon voisin.

Il courait parmi eux des vérités locales, des vérités nationales. Mais l'homme vrai, je ne l'ai pas rencontré.

Toutefois, excellent en réflexes et en somme presque innocent : l'un allume une cigarette, l'autre allume un pétrolier.

Je n'ai pas vu l'homme circulant dans la plaine et les plateaux de son être intérieur, mais je l'ai vu faisant travailler des atomes et de la vapeur d'eau, bombardant des morceaux d'atomes qui n'existaient peut-être même pas, regardant avec des lunettes son estomac, sa vessie, les os de son corps et se cherchant en petits morceaux, en réflexes de chien.

Je n'ai pas entendu le chant de l'homme, le chant de la contemplation des mondes, le chant de la sphère, le chant de l'immensité, le chant de l'éternelle attente.

Mais j'ai entendu son chant comme une dérision, comme un spasme.


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