mercredi 5 novembre 2008

Ainsi parlait J. de Maistre


Joseph de Maistre


Le comte Joseph de Maistre, né à Chambéry en Savoie le 1er avril 1753 et mort à Turin (Piémont) le 26 février 1821, est un homme politique, écrivain et philosophe savoisien[1]. Il est membre du Sénat savoisien, avant d'émigrer à Lausanne en 1793 quand les français occupent la Savoie ; il passe ensuite quelques années en Russie, avant de retourner à Turin. Joseph de Maistre reste l'un des pères de la philosophie contre-révolutionnaire française et antilumière.


Toute la nature n'est qu'une douleur concentrée.
L'homme entier n'est qu'une maladie.

Il faut nous tenir prêts pour un évènement immense dans l’ordre divin, vers lequel nous marchons avec une vitesse accélérée qui doit frapper tous les observateurs. Il n’y a plus de religion sur la terre : le genre humain ne peut demeurer dans cet état. Des oracles redoutables annoncent d’ailleurs que les temps sont arrivés.

Le temps est quelque chose de forcé qui ne demande qu'à finir.
L'homme est assujetti au temps ; et, néanmoins, il est par nature étranger au temps, il l'est même au point que l'idée du bonheur éternel, jointe à celle du temps, le fatigue et l'effraie.

Il y a dans la révolution française un caractère satanique qui la distingue de tout ce qu'on a vu et peut-être de tout ce qu'on verra.
La terre entière, continuellement imbibée de sang, n'est qu'un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu'à la consommation des choses, jusqu'à l'extinction du mal, jusqu'à la mort de la mort.
La main destructive de l'homme n'épargne rien ; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s'instruire, il tue pour s'amuser, il tue pour tuer ; il a besoin de tout, et rien ne lui résiste.

Nous sommes tous attachés au trône de l’Etre suprême par une chaîne souple, qui nous retient sans nous asservir. Ce qu'il y a d'admirable dans l'ordre universel des choses, c'est l'action des êtres libres sous la main divine. Librement esclaves, ils opèrent tout à la fois volontairement et nécessairement : ils font réellement ce qu'ils veulent, mais sans pouvoir déranger les plans généraux.

La preuve de Dieu précédant celle de ses attributs, nous savons qu'il est avant de savoir ce qu'il est. Nous voici donc placés dans un empire dont le souverain a publié une fois pour toutes les lois qui régissent tout. Ces lois sont, en général, marquées au coin d'une sagesse et même d'une bonté frappante : quelques-unes néanmoins (je le suppose en ce moment) paraissent dures, injustes même si Von veut : là-dessus, je le demande à tous les mécontents, que faut-il faire ? Sortir de l'empire peut-être ? Impossible : il est partout, et rien n'est hors de lui. Se plaindre, se dépiter, écrire contre le souverain ? C'est pour être fustigé ou mis à mort. Il n'y a pas de meilleur parti à prendre que celui de la résignation et du respect, je dirai même de l'amour ; car, puisque nous partons de la supposition que le maître existe, et qu'il faut absolument servir, ne vaut-il pas mieux (quel qu'il soit) le servir par amour que sans amour ?

S'il n'y avait point de mal moral sur la terre, il n'y aurait point de mal physique....toute douleur est un supplice imposé pour quelque crime actuel ou originel. Si je n'ai fait aucune distinction entre les maladies, c'est qu'elles sont toutes des châtiments.
Si je n'avais pas trouvé Dieu, jamais mon esprit n'eût pu se fixer à rien sur la terre.

J'ai eu le bonheur de sentir et de dire que je me croirais bien malheureux si quelque chose ne prospérait dans le monde.

Relevons encore cette grandiose déception métaphysique ; Salomon a dit avoir tout vu sous le soleil. Je pourrais citer quelqu'un qui ne mentirait point, quand il dirait avoir vu quelque chose de plus : c'est-à-dire, ce qu'il y a au-dessus du soleil, et ce quelqu'un est bien loin de s'en glorifier .

D'ailleurs, il y a pour moi des choses absolument inexplicables, et dont l'issue ne me paraît pas au pouvoir des hommes, en tant qu'ils agissent par leurs lumières et sous la seule influence de leurs volontés ; et en vérité, ce que je vois de plus clair dans tout ceci... est l’Apocalypse .

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