mardi 4 novembre 2008

Ainsi parlait Saint-Martin


L.C. de Saint-Martin


Louis-Claude de Saint-Martin, dit Le Philosophe Inconnu. Né le 18 janvier 1743 à Amboise, mort à Aulnay (près de Sceaux) le 13 octobre 1803. Le nom de Louis-Claude de Saint-Martin est à rattacher dans l'Histoire des idées au courant illuministe, réaction à l’esprit matérialiste des philosophes encyclopédistes du XVIIIe siècle. L’illuminisme propose une lecture des textes chrétiens à la lumière du néo-platonisme et des sciences occultes, mettant l’accent sur l’intériorité de la quête mystique, et rejetant les formalités scolastiques. À peu près à la même époque que Saint-Martin, l’Allemand D’Eckartshausen écrit un certain nombre d’ouvrages, parmi lesquels La nuée sur le sanctuaire, qu'Eliphas Lévi recommandera plus tard à son élève, le baron de Spedialieri. L’extatique suédois Emmanuel Swedenborg se rattache aussi à l’illuminisme mais la lecture de la plupart de ses ouvrages est réputée difficile.
La descendance de l’illuminisme sera nombreuse et féconde : le romantisme et le symbolisme y puiseront leur conception du monde comme universelle analogie. Balzac, entre beaucoup d’autres, fut profondément influencé par la pensée illuministe : on s’en apercevra aisément en lisant Louis Lambert, La recherche de l’absolu, ou Le lys dans la vallée.


J’ai voulu faire le bien mais je n’ai pas voulu faire de bruit, car j’ai vu que le bruit ne faisait pas de bien et que le bien ne fait pas de bruit.


La seule initiation que je prêche et que je cherche de toute l'ardeur de mon âme est celle par laquelle nous pouvons entrer dans le cœur de Dieu et faire entrer le cœur de Dieu en nous, pour y faire un mariage indissociable qui nous rend l'ami, le frère et l'époux de notre divin Réparateur. Il n'y a pas d'autre mystère pour arriver à cette initiation que de nous enfoncer de plus en plus jusque dans les profondeurs de notre être, et de ne pas lâcher prise que nous ne soyons parvenus à en sortir la vivante et vivifiante racine.

En un mot, c’est toujours à la mauvaise volonté qu’il faut attribuer les faux-pas de l’homme et de tout autre être revêtu du privilège de la liberté ; car je l’ai dit pour démontrer que le principe d’une action quelconque est légitime, il faut considérer les suites. Si l’être est malheureux, à coup sûr, il est coupable, parce qu’il ne peut être malheureux s’il est libre.

L’Homme, quoique étant dans ce monde terrestre, est bien toujours dans cet autre monde qui est tout, mais tantôt il en ressent la douce influence, tantôt il ne la sent pas, souvent même il ne ressent et ne suit que l’impulsion du monde, et qui est par rapport à cet autre monde comme une plaie ....


Les hommes pourraient-ils nier la dégradation de leur espèce quand ils savent qu’ils ne peuvent exister, vivre, agir, penser qu’en combattant une résistance ? Notre sang a à se défendre de la résistance des éléments ; notre esprit, de celle du doute et des ténèbres de l’ignorance ; notre cœur, de celle des faux penchants ; tout notre corps de celle de l’inertie ; notre acte social de celle du désordre, etc. ....


Depuis sa chute, l’homme s’est trouvé revêtu d’une enveloppe corruptible parce qu’étant composée, elle est sujette aux différentes actions du sensible qui n’opèrent que successivement et qui, par conséquent, se détruisent les unes les autres. Mais, par cet assujettissement au sensible, il n’a point perdu sa qualité d’Etre intelligent en sorte qu’il est à la fois grand et petit, mortel et immortel, toujours libre dans l’intellectuel, mais lié dans le corporel par des lois indépendantes de sa volonté, en un mot, étant l’assemblage de, eux natures diamétralement opposées, il en démontre alternativement les effets d’une manière si distincte qu’il est impossible de s’y tromper.


Pourquoi, dis-je, y a-t-il en l’homme une volonté qu’il peut mettre en opposition avec ses sens, s’il n’y a pas en lui plus d’un Etre ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire