jeudi 29 janvier 2009

Morceaux choisis - Boris Mouravieff


Boris Mouravieff (Russe), né à Cronstadt le 8 mars 1890, mort à Genève le 28 septembre 1966, est connu pour ses travaux d’historien, ainsi que pour ses enseignements et écrits relatifs à l'ésotérisme chrétien. Il est l'auteur de la trilogie Gnôsis et a enseigné la philosophie ésotérique à l'Université de Genève durant les années 1955-1958. Il fonda le Centre d'études chrétiennes ésotériques de Genève, qu'il présida jusqu'à son décès.

«Il existe de multiples sentiers et chemins d’accès, mais la voie est une. »

« La voie proposée par GNÔSIS (parfois qualifiée de Quatrième Voie) est destinée à être parcourue dans le monde, c'est à dire au milieu d'innombrables difficultés extérieures ou intérieures. La méthode exposée est une méthode psychologique de travail ésotérique qui peut être utilisée sans danger par toute personne, sans distinction de race, de caste, de sexe ou de culture.»

« L’étude de la Tradition ésotérique — et la conquête des objectifs qu’elle poursuit — exigent, de par leur nature, une prudente circonspection et surtout une pensée en profondeur. Rien ne peut y être obtenu en pressant des « boutons ». Au contraire, cette crédulité avec laquelle, par exemple, nous composons le numéro de téléphone étant sûrs d’avoir aussitôt notre correspondant au bout du fil, appliquée aux études ésotériques, est grosse des pires dangers.

L’esprit critique, le discernement et le sain jugement du bon sens sont requis ici encore davantage que dans les études scientifiques positives. C’est parce que dans ces dernières, somme toute, le risque n’est pas grand. Il est limité par le simple insuccès, l’objet d’études étant toujours extérieur à l’étudiant. Par contre, dans les études ésotériques, l’étudiant et l’objet de ses études ne font plus qu’un. Alors que la philosophie positive étudie l’homme sous son aspect abstrait, la philosophie ésotérique étudie l’homme donné, notamment celui-là même qui aborde les études. La méthode de l’introspection pratiquée dans toutes les écoles ésotériques, ainsi que les exercices qui s’ensuivent portent immanquablement — et dès le début — une atteinte à la Personnalité de l’étudiant. Car c’est sur sa propre personnalité et non pas sur celle des autres ou sur des notions théoriques, qu’il est appelé à porter ses efforts — précisément en vue de sa transformation. Un homme méchant ou cruel peut faire, disons, une découverte scientifique. En matière ésotérique cela est impossible.

Parce que, avant d’aborder le travail constructif, l’étudiant doit obligatoirement discipliner, puis équilibrer son psychisme, c’est-à-dire sa propre personnalité.
Cela ne présente aucun danger si le travail se fait correctement et est mené à bien. Mais abandonné à mi-chemin ou conduit sous la direction d’un professeur incompétent, ou, pire encore, intéressé, cela peut conduire à des catastrophes. Une dissolution de la Personnalité — tel habituellement est le résultat. Malaise, dépression morale, pessimisme noir, manie de la persécution sont les symptômes de cette dissolution progressive. Dans des cas plus graves, cela peut conduire à un déséquilibre total allant jusqu’à la négation de Soi, ce qui ouvre le chemin vers le suicide.

L’analyse critique qui constitue la méthode de base de la science positive, fait également celle des études ésotériques. De sorte que la valeur scientifique de ces deux branches du savoir est absolument égale. Toutefois, il y a une différence d’application qui doit être signalée.
Dans la science positive, un postulat peut être exposé et démontré publiquement parce que l’objet d’étude du savant ne fait pas un avec lui-même. Soumis à une sévère analyse critique par d’autres savants, sa thèse n’est admise par la science que lorsqu’elle a soutenu l’épreuve et n’a pas pu être rejetée. Dans les études ésotériques, la partie essentielle du travail se produit introspectivement dans le monde intérieur du chercheur. Et comme celui-ci et l’objet de ses recherches ne font qu’un, il est matériellement impossible de soumettre ses expériences intérieures à une démonstration académique.

Cependant, lorsqu’en matière ésotérique on propose aux étudiants des postulats, on ne leur demande nullement de les accepter sur parole. Au contraire, on les engage instamment à fuir toute tendance à la crédulité. Mais étant donné que l’objet de leurs études appartient à leur monde intérieur — et comme, d’autre part, la nature de ces études, en grande partie les mène vers le nouveau, c’est-à-dire vers l’inconnu, on leur recommande de ne pas chercher d’emblée à démolir les postulats proposés pour les accepter ensuite, mais de chercher à s’y appuyer et à les confirmer par leur propre expérience, selon les méthodes indiquées. Et si en les appliquant consciencieusement et avec assiduité, ils ne parviennent pas aux résultats énoncés, alors ils auront le droit de les rejeter.
L’esprit critique est donc requis dans les études ésotériques au même titre que dans les études positives. Mais tandis que celles-ci, partant du centre, par le rayonnement de la spécialisation cherchent à atteindre la circonférence dans tous ses points, celles-là, partant de la périphérie, tendent à gagner le centre. »

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