mercredi 1 octobre 2008

Pourquoi ?



Pourquoi ?

C’est sans doute la question que j’aurai le plus souvent posée au cours de ma vie. Tellement que j’ai l’impression de ressasser, et pour quel résultat ?
Dire que je n’ai eu aucune réponse serait sans doute exagéré, dire que j’ai eu toutes les réponses serait un pur mensonge. Alors, aujourd’hui, au fond de moi, surgit une toute nouvelle question, qui est celle-ci :

Pourquoi ce besoin de poser des questions ?

Cette démarche est-elle commune à chacun ou m’est-elle singulière ? Correspond-elle à une attitude sensée et logique ou relève-t-elle d’une angoisse existentielle ou d’une névrose ?

Voyons, tout d’abord, quelle est la nature de ce questionnement, ou plutôt de ces questionnements de nature diverse.
Il y a tout d’abord le triptyque fondamental, incontournable : « Qui suis-je ? D’où je viens ? Où je vais ? » lequel sous-entend de fait : « Pourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? »
Je pense que tout un chacun a dû, à un moment de sa vie, se poser cette question ; pour ma part, c’est quotidien et tant que je ne saurai pas, je chercherai.

Mais au-delà de ce type d’interrogation existentielle, bien d’autres questions affluent régulièrement :
Pourquoi mon mariage avec cette personne et pas une autre ?
Pourquoi une vie en dents de scie ?
Pourquoi un sentiment de frustration et d’échec ?
Pourquoi cette impression de ne rien maîtriser, de tout subir ?

Premier élément de réponse :

Est-ce moi qui décide ou est-ce le fruit du hasard ou du destin?
Et nous voilà en pleine philosophie; le problème est vieux comme le monde mais n’a jamais été résolu. L’homme est-il sujet ou objet dans sa vie, est-il acteur de sa destinée ou bien la subit-il ?

J’ai toujours pensé jusqu’à présent, et mon expérience m’en a apporté la confirmation, qu’il n’y avait que deux cas de figures possibles : soit l’on est en capacité de décider librement ce qu’on va faire, ce qui nous procure plaisir et satisfaction, soit une situation s’impose à nous, que nous n’avons pas voulue et nous ne pouvons que la supporter et la gérer au mieux de nos intérêts. En clair, nous sommes tantôt actifs, tantôt passifs, et ce tout au long de notre vie.
Regardons ce qui se passe dans le règne animal ; dés sa naissance, l’animal a deux priorités : se nourrir pour vivre et échapper à ses prédateurs pour survivre. On retrouve là cette même dualité : actif et passif, choisir et subir. Avec toutefois un mécanisme différent : pour l’animal, tout est inné, c’est son instinct qui le guide ; pour l’homme, tout est acquis, c’est l’éducation qui l’instruit. Il semble donc que cette dualité soit liée à notre incarnation qui nous procure autonomie et indépendance, c’est-à-dire la liberté d’aller et venir, de faire ou défaire. On notera que cette situation est différente dans le règne végétal (immobilité et héliotropisme) et dans le règne minéral (immobilité et immuabilité).
A partir de là, on peut remarquer une progression significative entre les quatre règnes en question, du minéral à l’humain, en passant par le végétal et l’animal :
Le minéral semble être là de tout temps et ne pas évoluer ; le végétal se nourrit des rayons solaires vers lesquels il s’oriente ; l’animal est doué d’un instinct qui lui permet d’organiser sa vie et l’homme a des possibilités supérieures car, chez lui, l’esprit a supplanté l’instinct, ce qui implique que l’être humain est individualisé et s’autodétermine, alors que l’animal reste soumis à une règle collective inconsciente.
Cette progression entre les quatre règnes implique une logique et sous-entend l’existence d’une autre étape, après le règne humain, que l’on pourrait considérer comme spirituelle. L’homme est en route vers l’esprit, pour retrouver son origine.

Si l’on adhère à ce véritable parcours du combattant, on s’aperçoit qu’on est en mesure de décider, de s’autodéterminer à partir du stade humain, et pas avant ; mais, même si l’on est en capacité de décider à partir de ce moment-là, on n’est pas entièrement libre de ces mouvements. Pourquoi ?
Tout simplement parce que le faisceau de nos existences antérieures pèse sur notre existence actuelle. Il faut maintenant expliquer le principe de la réincarnation.

L’esprit est immortel et il se réincarne, durant des milliers d’incarnations, dans un corps de chair, pour multiplier les expériences qui lui permettront de réaliser son évolution. Le but étant d’échapper à la matière, après y avoir été plongé. Son avancement est donc fonction de la qualité des vies successives qu’il a vécues.

Au cours de ces diverses vies, il a pu faire bien ou mal, en fonction du libre-arbitre qui lui est imparti ; le bien, ou le mal, se répercute alors sur les incarnations suivantes. Le bien est mis à profit et le mal doit être racheté. Ceci étant pris en compte, on comprend mieux que dans chaque existence il y a deux catégories de manifestations : celles qui sont volontairement décidées par l’être et celles qui lui sont imposées, à titre de rachat, dont il n’est pas conscient durant son incarnation. On parle alors de « karma » ou loi de cause à effet, ou encore de loi de rétribution des actes.



Deuxième élément de réponse :

Quelle est l’utilité de se poser sans cesse les mêmes questions?
De deux choses, l’une ; soit l’être en question connaît la loi du « karma », soit il la méconnaît.
S’il la méconnaît, on peut comprendre qu’il cherche à comprendre la règle du jeu qui régit sa vie, mettant sur le compte de la chance, ou de son adresse, ses réussites et sur le compte de la malchance, ou sa maladresse, ses échecs.
Par contre, s’il accepte la loi du « karma », à travers ces questions il traduit son besoin d’identifier ce qui est en fait de son ressort et ce qui lui est imposé.


Prenons un exemple concret :
Le cadre de toute vie est ainsi fait que les dates de la naissance et de la mort sont imposées. A l’intérieur de ce cadre donné, l’intéressé a le choix de son mode de vie ; mais il a aussi des épreuves qui sont fixées sans qu’il le sache.

Naissance en juin 1948 ……………………………………….. imposé
Intervention chirurgicale en 1962 ………………… non imposé
Accident de voiture en 1968 ………………………… non imposé
Mariage en 1973 ………………………………………… non imposé
Cancer en 1992 ………………………………………………….. imposé
Accident de voiture en 1993 ………………………………… imposé
Divorce en 1994 …………………………………………………. imposé

Cet exemple est révélateur ; on constate une fréquence des épreuves, répétitives, sur trois années qui se suivent, qui sont imposées à l’intéressé ne lui laissant d’autre choix que de gérer la situation. C’est quelque part l’expression de son « karma » dans cette vie.

Maintenant, me direz-vous, est-on plus avancé de le savoir ? Qu’est-ce que ça nous apporte ? C’est important sur le plan de la compréhension, car on ne peut comprendre que ce qu’on connaît et connaître la cause de tels événements permet de les analyser, de les accepter, de les intégrer dans son for intérieur. Je ne dis pas que ça solutionne tout, mais au moins on est au clair avec soi-même et l’on se connaît mieux

Or, le « Connais-toi toi même » est la base de tout avancement spirituel, de toute initiation ; c’est cette démarche qui permet d’entrer dans une autre dimension de la vie. Gravée sur le fronton du temple de Delphes, en Grèce, où étaient pratiquées les initiations aux grands mystères, cette sentence déclare même que la vraie connaissance de soi-même permet de connaître également les dieux qui nous gouvernent et la cosmogonie.


La question et sa réponse :


As-tu jamais pensé que tout aurait pu être différent pour toi si tu étais né ailleurs, en d’autres temps ? Ou même si tu avais eu d’autres parents, au même endroit, à la même époque ?
Allons même plus loin : Sans rien changer à la localisation géographique, à la situation parentale, il suffit de modifier un mariage ou un divorce pour donner une nouvelle direction à sa vie, ou tout aussi bien de changer la profession pour modifier la donne, sur un plan géographique ou pécuniaire.

Ce qui sous-entend qu’un certain déterminisme règne qui nous impose de nous adapter à des circonstances extérieures. Ce qui implique que notre liberté est quelque part conditionnelle.
En fait, nous avons pour seule liberté la capacité de réagir à des situations qui s’imposent à nous. Du moins en apparence, car si l’on croit au karma on peut penser que nous avons souhaité nous affronter à ces épreuves lors de notre existence. La vie est ainsi faite de carrefours où l’on doit choisir une direction qui va conditionner la suite, où l’on croit choisir alors que parfois le choix a déjà été fait antérieurement.

La vie apparaît alors comme un parcours d’obstacles, une succession de situations à gérer au mieux de nos intérêts, avec des cycles de repos et de bien être alternant avec des crises douloureuses et déstabilisantes. Mais à quelque chose, malheur est bon ; le proverbe dit bien que tout ce qui ne tue pas, renforce. Pourtant, on peut se demander quelle est cette règle du jeu qui nous dirige, quel est son but, quelles sont ses modalités d’application ?

Mais on doit surtout prendre conscience de notre place dans ce système, faute de quoi nous n’échapperons jamais au labyrinthe qui nous enferme. Et pour trouver la sortie il est nécessaire de savoir comment on est entré. Or, le drame de l’homme est qu’il ne se souvient plus de rien et tant qu’il n’aura pas retrouvé ses esprits, il sera comme un aveugle au pays des ombres. La clé de son avenir est dans son passé, mais il est amnésique ; ce n’est qu’au fond de lui-même qu’il peut trouver la clé de l’énigme et les réponses à ses questions. A la seule condition de les poser…

N’oublions pas que la réponde libératoire est toujours la même que celle de la question mortelle que posait le Sphinx : l’homme. Il est à la fois l’outil et l’œuvre, le moyen et la fin, ce par quoi tout commence et tout finit, la question et sa réponse.


Poser la question, c’est déjà y répondre.

En conclusion, on comprend mieux la nécessité de se poser des questions sur soi-même si l’on veut se connaître et, par là, accélérer le déroulement de sa démarche spirituelle. Maintenant, il faut être conscient du fait que les réponses sont très longues à venir, et que c’est voulu, car tout ce processus s’inscrit dans un travail sur soi-même que nous devons faire; nous sommes la matière de ce chantier, nous devons nous auto-construire et il faut beaucoup de temps pour réaliser ce grand œuvre. Volonté et patience sont les piliers de cette recherche ; concentration et méditation en sont les principaux outils.

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