vendredi 1 mai 2009

Ainsi parlait G.-C. de Lattaignant


Gabriel-Charles de Lattaignant (ou L'Attaignant) est un chansonnier et poète français, né vers 1697[] à Paris où il est mort le 10 janvier 1779.

Comme cadet d'une famille aristocratique[], Gabriel-Charles de Lattaignant fut destiné à l'état ecclésiastique, quoiqu'il fût complètement dépourvu de vocation, comme le rappelle un couplet rageur de la célèbre chanson J'ai du bon tabac, qui lui est en partie attribuée :

Un noble héritier, de gentillhommière

Recueille tout seul un fief blasonné

Il dit à son frère puîné

« Sois abbé, je suis ton aîné ! »

Il prit son sacerdoce avec une certaine désinvolture si l'on en juge par le nombre de femmes et de plaisirs divers qui traversent sa poésie. Finalement , les apparences sont sauves : la vie dissolue de cet admirateur de Voltaire et des femmes ne l'empêcha pas d'être inhumé avec tous les honneurs dus à sa fonction : "Le 11 janvier 1779, a été inhumé à la cave de cette église (Saint-Benôit) le corps de M. Gabriel-Charles de Lattaignant, prêtre du diocèse de Paris, chanoine honoraire de l'église métropolitaine de Reims, doyen de la chambre ecclésiastique, âgé de quatre-vingt-deux-ans... Inhumation faite par M. le Curé avec l'assistance de vingt ecclésiastiques..."

« J'allume mon génie au soleil et je l'éteins dans la boue »

Le MOT et la CHOSE

Madame quel est votre mot
Et sur le mot et sur la chose
On vous a dit souvent le mot
On vous a fait souvent la chose

Ainsi de la chose et du mot
Vous pouvez dire quelque chose
Et je gagerais que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose

Pour moi voici quel est mon mot
Et sur le mot et sur la chose
J'avouerai que j'aime le mot
J'avouerai que j'aime la chose

Mais c'est la chose avec le mot
Mais c'est le mot avec la chose
Autrement la chose et le mot
A mes yeux seraient peu de chose

Je crois même en faveur du mot
Pouvoir ajouter quelque chose
Une chose qui donne au mot
Tout l'avantage sur la chose

C'est qu'on peut dire encore le mot
Alors qu'on ne fait plus la chose
Et pour peu que vaille le mot
Mon Dieu c'est toujours quelque chose

De là je conclus que le mot
Doit être mis avant la chose
Qu'il ne faut ajouter au mot
Qu'autant que l'on peut quelque
chose

Et que pour le jour où le mot
Viendra seul hélas sans la chose
Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose

Pour vous je crois qu'avec le mot
Vous voyez toujours autre chose
Vous dites si gaiement le mot
Vous méritez si bien la chose

Que pour vous la chose et le mot
Doivent être la même chose
Et vous n'avez pas dit le mot
Qu'on est déjà prêt à la chose

Mais quand je vous dis que le mot
Doit être mis avant la chose
Vous devez me croire à ce mot
Bien peu connaisseur en la chose

Et bien voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose
Madame passez-moi le mot
Et je vous passerai la chose



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