mardi 26 mai 2009

Morceaux choisis - Pic de la Mirandole


Jean Pic de la Mirandole (Giovanni Pico della Mirandola) (24 février 1463 - 17 novembre 1494) était un humaniste italien, troisième fils d’une vieille famille comtale.Jeune héritier d’une fortune considérable, il eut le loisir d’étudier et de voyager à sa guise, et consacra sa vie au savoir. Néoplatonicien et adepte de la philosophie naturelle, il fut élève de Ficin, avant de revenir au péripatétisme. Pic de la Mirandole voulut effectuer une synthèse d’Aristote et de Platon à partir de la foi chrétienne, ou encore concilier arts libéraux, philosophie morale et théologie, ce qui lui valut d’être considéré comme hérétique par le pape Innocent VIII. Il est aussi l’un des fondateurs de la kabbale chrétienne (ou cabale philosophique de la Renaissance).


Yves Hersant, présentant sa traduction de l’ouvrage De la dignité de l’homme, explique :
« Lorsqu’il écrit l’Oratio de hominis dignitate, qui aurait dû introduire ses Neuf cents thèses philosophiques, théologiques et cabalistiques, Pic de la Mirandole a vingt-quatre ans. Bien conscient du fait que « ses façons ne répondent ni à son âge, ni à son rang », c’est pourtant une philosophie nouvelle qu’il propose à ses aînés ; philosophie ouverte, accueillant tout ce qui, depuis les Mystères antiques jusqu’aux religions révélées, émane de ce que l’on pourrait appeler la « volonté de vérité.»L’homme est au centre de cette philosophie, en ce que le divin a déposé en lui ce « vouloir », cette volonté dont il use à sa guise, le créant « créateur de lui-même ». »



« Amour, feu sous la glace et froide face,

Amour, agréable souffrance et doux souci,

Amour, suave peine et nécessaire mal,

Amour, éternel conflit, inaccessible paix. »


« Mes paroles sont aussi loin de ma pensée que ma pensée des choses. »


De la dignité de l’homme

En fin de compte, le parfait ouvrier décida qu’à celui qui ne pouvait rien recevoir en propre serait commun tout ce qui avait été donné de particulier à chaque être isolément. Il prit donc l’homme, cette œuvre indistinctement imagée, et l’ayant placé au milieu du monde, il lui adressa la parole en ces termes : « Si nous ne t’avons donné, Adam, ni une place déterminée, ni un aspect qui te soit propre, ni aucun don particulier, c’est afin que la place, l’aspect, les dons que toi-même aurais souhaités, tu les aies et les possèdes selon ton vœu, à ton idée.


Pour les autres, leur nature définie est tenue en bride par des lois que nous avons prescrites ; toi aucune restriction ne te bride, c’est ton propre jugement, auquel je t’ai confié, qui te permettra de définir ta nature.

Si je t’ai mis dans le monde en position intermédiaire, c’est pour que de là tu examines plus à ton aise tout ce qui se trouve dans le monde alentour. Si nous ne t’avons fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, c’est afin que, doté pour ainsi dire du pouvoir arbitral et honorifique de te modeler et de te façonner toi-même, tu te donnes la forme qui aurait eu ta préférence. Tu pourras dégénérer en formes supérieures, qui sont divines ».


O suprême bonté de Dieu le Père, suprême et admirable félicité de l’homme !


Il lui est donné d’avoir ce qu’il souhaite, d’être ce qu’il veut. Les bêtes, au moment de leur naissance, apportent avec elles « du ventre de leur mère » (comme dit Lucilius) ce qu’elles posséderont. Les esprits supérieurs furent d’emblée, ou peu après, ce qu’ils sont destinés à être éternellement. Mais à l’homme naissant, le Père a donné des semences de toute sorte et les germes de toute espèce de vie. Ceux que chacun aura cultivés se développeront et fructifieront en lui : végétatifs, ils le feront devenir plante ; sensibles, ils feront de lui une bête ; rationnels, ils le hisseront au rang d’être céleste ; intellectifs, ils feront de lui un ange et un fils de Dieu.


Et si, sans se contenter du sort d’aucune créature, il se recueille au centre de son unité, formant avec Dieu un seul esprit, dans la solitaire opacité du Père dressé au-dessus de toutes choses, il aura sur toute la préséance. »

2 commentaires:

  1. Salut ami d’Outre-Atlantique et merci du partage. C’est tout à fait par hasard, au gré de mes explorations des blogs, que j’ai atterri ici.

    Intéressant ce blog auxt textes variés, colorés et bien illustrés, dis donc. Bravo!

    NOTE. Mon blog parle de la connaissance de soi. Si le coeur t'en dit, tu es bienvenu.

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  2. Salut à toi Jigé,
    et bienvenue chez nous au nom de l'amitié franco-canadienne. Je te remercie de ta visite et de ton commentaire sympathique.

    J'irai faire un tour sur ton blog, toute connaissance de soi étant toujours à parfaire dans l'échange des témoignages et la confrontation des expériences.

    A bientôt donc.

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