jeudi 5 mars 2009

Les âges ésotériques de l'homme




Les âges ésotériques de l'homme

de

Jorge Angel Livraga


La Nouvelle Acropole est une association internationale à but non lucratif fondée en 1957 par l'Argentin Jorge Ángel Livraga Rizzi (1930-1991), qui revendique une présence dans 54 pays dans le monde et qui propose l'étude de philosophies orientales et occidentales. C'est un mouvement qui se considère comme une école de philosophie. Elle est dénoncée comme organisation sectaire par les mouvements anti-sectes et régulièrement soupçonnée d'affinités avec l'extrême-droite, ce que l'association conteste formellement.


Jorge Angel Livraga Rizzi est né à Buenos Aires (Argentine), le 3 septembre 1930. Il est mort à Madrid le 7 octobre 1991. Sa mère, Victoria Rizzi, comme son père, Angel Livraga, ingénieur, venaient d’Italie, d’où leurs familles respectives, d’origine campagnarde, avaient émigré vers l’Argentine à la fin du XIXe siècle. Cette filiation lui permit d’obtenir la nationalité italienne.


Comme pour bien d'autres sujets, il est téméraire de vouloir généraliser. Chaque être humain a son propre destin, pareil à une corde faite d'innombrables fils différents en couleurs, en résistance, en longueur et en cycles de vie. Ils influencent les décisions que chacun prend face à toutes les opportunités et aux facteurs mystérieux qui sont au-delà des "horoscopes", des circonstances et de l'éducation. Dans toutes les religions à Mystères de l'Antiquité, depuis Sumer jusqu'aux Etrusques, ce "facteur X" - car c'est ainsi que l'ont nommé les différents penseurs du XXe siècle - n'est ni mesurable, ni prévisible... Nous savons qu'il existe par ses effets évidents, mais nous ne savons pas ce qu'il est.


Selon Homère et Virgile, cette volonté ultime était au-dessus, non seulement des hommes, mais aussi des Dieux, et de tout ce qui peut se concevoir... Le monde de l'intelligible, paradoxalement, a une racine irrationnelle... ou para-rationnelle, ce qui revient au même dans la pratique.

Mais pour faciliter certaines compréhensions, l'ésotérisme différentie les années de la vie d'un homme en cycles de sept ans.


Jusqu'à 7 ans :

il se fait une lente descente des principes spirituels, mentaux et psychologiques en général. Une sorte "d'ange gardien" veille sur l'entrée de l'âme dans l'incarnation et "adoucit" ses chocs avec le monde où elle doit vivre. Les parents, la famille et les éducateurs ont une grande importance. L'enfant est, sauf exception, un être plastique qui répond aux aiguillons de la punition et de la récompense ; il a besoin d'autorité et de contrôle permanent qui lui permettent un apprentissage instrumental. S'il naît dans une famille chrétienne, il sera chrétien, dans une famille juive, il sera juif, etc. Son contact avec le milieu social est un "vaccin" qui lui permettra de survivre aux assauts futurs. Il a besoin d'une affection qui ne soit ni faiblesse ni fausseté.


Jusqu'à 14 ans :

ayant survécu à l'enfance, il entre dans une étape "charnière" ; à travers la fantaisie et l'imagination, l'être humain s'introduit dans le monde des adultes qu'il n'accepte ni ne rejette totalement. Il essaie. Il faut le laisser réussir et se tromper, tout en le contrôlant. Son propre esprit commence à se manifester et à créer les images de révoltes apparentes.


Jusqu'à 21 ans :

passée l'étape précédente, l'esprit se manifeste plus fortement, et les possibilités définitives de la personnalité se profilent. On entre dans la plénitude... immature. Les rôles sexuels s'affirment.


Jusqu'à 28 ans :

l'esprit s'est manifesté et le chemin de la vie devient évident. Tout prend des formes concrètes, et la nature propre tend à s'imposer sur tous les plans.


Jusqu'à 35 ans :

on parvient à toutes les formes définitives, et la spiritualité triomphe ou échoue ; il n'y aura plus de changement de fond par rapport à cela. On avance sur des sentiers choisis, et la seule chose qui puisse varier maintenant, c'est la vitesse, ou de légers déplacements des centres d'intérêt. Bien que cela puisse ne pas apparaître, la possibilité de changer est restée derrière, et à présent on peut seulement affirmer ou affaiblir les éléments de la personnalité selon la force de l'Esprit. On en est à la moitié de l'espérance de vie, au sommet de la montagne de cette vie, et on commence à percevoir plus clairement les paysages et les forces, ce qui provoque action et curiosité. Les éléments déjà existants se combinent et se recombinent dans une "seconde jeunesse".


Jusqu'à 42 ans :

les effets de ce que nous avons appelé la "seconde jeunesse" se font perceptibles et se dotent d'instruments. Les succès, les conquêtes, les acquisitions sont alors nécessaires. A la fin du cycle, on commence à descendre "la montagne biologique" et les conflits entre l'esprit, l'âme et la personnalité apparaissent. A cette étape les courageux et les peureux se dévoilent. Le défi de la vie se présente encore et encore.


Jusqu'à 49 ans :

un sentiment qui était resté quasiment latent se manifeste : la hâte à façonner les choses, selon la nature de chacun et son niveau de spiritualité ou de matérialisme. L'expérience individuelle s'est décantée, et influence fortement les actes, les sentiments et les idées. Le corps, pour sa part, présente les caractéristiques propres à la perte de la jeunesse. Cela n'est pas toujours accepté et fait de cet âge une période spécialement dangereuse pour l'équilibre physiologique et mental.


Jusqu'à 56 ans :

on entame une double fuite psychologique, l'une vers l'arrière, l'autre vers l'avant. On se souvient des "bons moments", et on se projette avec force dans le futur. Le présent se montre éphémère et fragile. Il faut le renforcer pour se raccrocher à quelque chose. Les positions se radicalisent et mûrissent. Si l'on a pris un chemin spirituel, on entre dans une période très fructueuse, sinon, dans un simulacre de créations nouvelles... qui sont les mêmes qu'avant, mais beaucoup plus définies, solides... et statiques.


Jusqu'à 63 ans :

le "déclin" de la vie devient évident, et tout le monde, d'une manière ou d'une autre, essaie de laisser "des choses faites" qui procurent une sécurité collective ou individuelle. La radicalisation avec laquelle les croyances se projettent en œuvres réellement utiles, dépend de la culture, du caractère et de la spiritualité. La convivialité devient toujours plus difficile, et on la repousse en même temps qu'on en a besoin, parfois de manière traumatisante.


Jusqu'à 70 ans :

selon ce à quoi on s'est exercé, certains principes spirituels se retirent ou s'affirment. C'est la fin, la "broche" qui peut être d'or ou de fer. Le corps entre dans une phase de détérioration qui met la tempérance à l'épreuve. L'idée de la mort, dans ses diverses acceptations, devient constante. Pour certains, c'est l'ultime stimulation, et pour d'autres la porte du désespoir, de la résignation, de la révolte (à présent authentique), ce qui peut provoquer un affrontement tant avec soi-même qu'avec l'entourage physique, psychique, mental ou spirituel.


Si l'on dépasse cet âge, tout pronostic devient aventureux, car les personnes âgées peuvent devenir des rocs solides, des exemples merveilleux... ou bien des ennemis implacables de tout et de tous. En général on expérimente une grande solitude, dorée ou opaque. La plupart ne comprennent pas les plus jeunes, et s'affrontent à eux, enviant leur jeunesse d'une certaine manière. Maintenant, tout dépendra de la vie que l'on a laissée derrière soi. Les lois de la nature, absolutistes et dogmatiques, font récolter hâtivement ce que l'on a planté, de manière inexorable.

Si la fin survient du fait d'une maladie spécialement longue, des caractéristiques nettement infantiles peuvent réapparaître. Sinon, ou si la force spirituelle est très grande, l'esprit donnera ses splendeurs les plus belles en guise de dernier adieu, pénétrant à nouveau dans une réalité intime et mystérieuse, comme celle des petits enfants. Bien qu'étant encore dans ce monde, on n'y vit déjà plus.

Intentionnellement, nous avons évité les analyses psycho-physiques à la mode ainsi que la terminologie de notre époque. Nous ne croyons pas à la psychanalyse, si l'on ne trouve pas les clés d'une psycho-synthèse reconstituante, optimiste et vraie. Par ailleurs, concernant tout ce qui précède, bien que cela obéisse en règle générale au déroulement de la vie de l'homme - englobant les deux sexes pour abréger -, nous insistons sur le fait que cela reste très schématique, que l'on ne peut massifier et que chaque être humain est un monde, un mystère, une réalité propre qui ne se répète pas, absolument unique.


Cela ne n'écarte pas la réincarnation, mais confirme que si la chaîne est une, ses maillons sont innombrables, différents et que leur association n'enlève pas la flexibilité de l'ensemble ; c'est pourquoi nous la comparons à une chaîne et non à une barre rigide. Espace et temps sont des coordonnées qui s'entrelacent mais ne se confondent pas entre elles, bien qu'elles aient un Etre identique, elles sont aussi une manifestation merveilleusement différente, opposée et complémentaire.

Tels sont les vieux enseignements qui, bien médités, peuvent être utiles à ceux qui, étant philosophes, cherchent à se connaître en profondeur.


Traduit de l'espagnol par Annie Buisson


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