(Né le 13 novembre 1850 à Edimbourg, décédé à Samoa, Polynésie, le 3 décembre 1894)
« Être ce que nous sommes et devenir ce que nous sommes capables de devenir, tel est le seul but de la vie. »
J'avais cherché l'aventure toute ma vie,
une aventure pure et sans passion,
comme il advenait
aux voyageurs héroïques des premiers temps ;
et se trouver ainsi, au matin,
dans un coin perdu et boisé du Gévaudan,
désorienté, aussi étranger à ce qui m'entourait
que le premier homme abandonné dans les terres,
c'était voir, comblée, une partie de mes rêves éveillés.
A présent, pour se goûter convenablement, une randonnée à pied doit être faite seul. Si vous l'entreprenez en groupe ou même à deux, elle n'a plus de la randonnée pédestre que le nom ; c'est quelque chose d'autre qui se rapproche davantage du pique-nique. Une randonnée à pied doit se faire seul, car la liberté est essentielle ; parce que vous devez être libre de vous arrêter et de continuer...
Je me demandai d'abord si j'avais sommeil car je sentais mon cœur battre plus vite qu'à l'ordinaire comme possédé par une sensation intense à laquelle ma pensée restait étrangère. Mais aussitôt que mes paupières se refermèrent, je ne sais quelle glu s'insinua entre elles : plus moyen de les séparer. Le vent dans les arbres me chantait sa berceuse. Parfois il sifflait pendant des minutes entière avec le même bruissement ininterrompu, qui ne s'élevait ni ne s'abaissait ; puis, de nouveau, il s'enflait, se brisait comme une vague qui déferle, et les arbres encore chargés de la pluie de l'après-midi, secouaient sur moi de grosses gouttes. Bien des nuits, dans ma chambre; à la campagne, j'ai prêté l'oreille au concert troublant du vent dans les arbres. Etait-ce parce que je me trouvais dehors, étendu sur le sol au milieu des bois,, ou parce que les arbres n'étaient pas les mêmes ? Toujours est-il que le vent a une chanson différente dans les forêts du Gévaudan. Je ne cessai d'écouter tout en sentant le sommeil s'emparer doucement de moi et engourdir ma pensée et mes sens. Mais tant que j'eus un reste de conscience, je m'étonnai de l'étrange clameur qui retentissait à mes oreilles, et mon dernier effort avant de succomber au sommeil fut pour écouter encore.
La nuit sous un toit est un temps de mortelle monotonie mais en plein air, sous les étoiles, les heures passent légères avec leur rosée et leur parfum, et chacune d'elles amène un changement dans le visage de la nature. Ce qui est une sorte de mort temporaire pour de gens étouffés entre les murailles et les rideaux, n'est qu'un sommeil aérien et vivant pour l'homme qui repose à même la terre. Toute la nuit, il peut entendre la respiration profonde et libre de la nature ; même lorsqu'elle sommeille, elle a des mouvements et des sourires. Et quel tressaillement, inconnu des emmurés, lorsque le signal du réveil se propage sur le moitié de la terre qui dort dans l'ombre et que les êtres vivants qui peuplent l'obscurité commencent à se dresser sur leurs pieds. Alors, le coq chante pour la première fois, pas encore pour annoncer l'aurore, mais comme une sentinelle joyeuse qui hâte la fuite des heures nocturnes. Le bétail s'éveille dans les prairies, les brebis commencent à brouter les collines couverte de rosée et cherchent un nouveau pâturage parmi les fougères ; et les hommes qui dorment à la belle étoile, après s'être couché comme les poules, ouvrent leurs yeux ensommeillés pour contempler la beauté de la nuit.
« Voyage avec un âne dans les Cévennes »
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