lundi 12 janvier 2009

Morceaux choisis - Maria Saboya


La différenciation crée l'illusion du moi séparé qui se croit unique, le fruit exclusif de son histoire. Cette illusion conditionne la conscience donnant naissance à la pluralité et au conflit.La conscience unifiée, c'est-à-dire la conscience de l'« un » non différencié, ne se laisse pas attraper dans les limites du moi séparé et des illusions d'un temps présent unique. C'est la conscience conditionnée du moi séparé qui croit à la souveraineté du temps présent unique : c'est elle qui crée l'avenir et se laisse cloisonner derrière les murs de sa propre limitation. Cette conscience crée la confusion tout en croyant qu'elle possède la Vérité.
La conscience unifiée est la seule qui peut comprendre absolument la réalité. La conscience qui s'est unifiée intérieurement est aussi unifiée extérieurement. Elle n'est plus, donc, dans un état de conflit. D'autre part, l'unification intérieure donne naissance à une réelle indépendance ; elle représente le début de l'existence individuelle authentique, puisque libérée de toute influence.Cette unification se fait de soi, sans l'intervention de la volonté consciente. Son arrivée à l'existence est la conséquence directe de la compréhension claire et nette de l'unité de la vie.
La conscience de « l'un » c'est l'union parfaite dans la séparation, c'est l'union parfaite dans la différenciation, c'est la vraie entente. On peut l'appeler « amour » si on veut, puisque c'est le partage intérieur de la vision de la réalité au même niveau et avec la même intensité.On peut l'exprimer de cette manière : « Je suis toi et tu es moi, et pourtant, j'ai ma propre conscience et toi la tienne ». Le « un » s'est multiplié tout en restant « un », soi-même, toujours.

Le moi est une particule de la vie, un fragment de la totalité qui se considère comme le centre de l'existence. Il est fragment de temps qui se confond avec la totalité de l'existence. Cette question est de la plus grande importance, car sa réponse peut nous conduire vers la libération. Elle peut promouvoir l'éclosion de l'ouverture par laquelle on peut, enfin, entrer en contact avec une réalité non temporelle.

Continuons donc cet examen. L'esprit du fragment X (le « moi » si l'on veut), qui s'est constitué comme centre de l'existence et qui s'est identifié à ce fragment dans le temps et dans l'espace, a peur de disparaître. Il croit que la fin du fragment correspond à la fin de la vie, à sa propre mort. Comme personne ne veut mourir, son investigation est bloquée et se termine là. Il choisit de s'attacher à une croyance extérieure à lui et sa recherche est archivée. Il s'arrête avant d'arriver au but.

Cependant, la fin du fragment n'est que la fin d'une image. L'esprit voit l'image du corps, s'identifie avec cette image unique, avec l'histoire particulière de cette image dans le temps et dans l'espace et croit vraiment qu'il est l'image qu'il s'est fait de lui-même.
Dominé par cette croyance, le seul moyen pour lui de se libérer de la prison dans laquelle il s'est enfermé, sera par le démantèlement des murs de sa cellule. Le fragment de vie centralisé autour de lui-même s'est constitué prisonnier. Il lui reste, donc, à sortir de cette enclave. Mais cette œuvre monumentale n'est pas facile puisqu'elle demande énormément de courage et l'application totale de l'être jour après jour.


Extraits de « L'Art de vivre en entier » - Maria Saboya

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